Histoire de l'Acadie

Dimanche 18 oct 2015

Qu’est-ce
que l’Acadie
La
déportation acadienne de 1755, vidéo / Evangéline, 1755 vidéo
Chanson d’Angèle
Arsenault: Grand
Pré, 1994 – Paroles
/ Musique
en mp3

Histoire de l’Acadie
Cartes et
textes
supplémentaires
Documents
de
CyberAcadie

Extraits de
poésie / musique

Chronologie
historique
Liens
Exercices
interactifs à
partir
d’un texte

Destinée de
trois
familles déportéss (carte
animée)

L’Acadie:
La
tragédie d’un peuple déporté

Facharbeit
et  présentation Power-Point de Cedric Reimers
Cartes
géographiques

Exemple
sonore (Chanson, Le petit
mari);
L’Hymne de
l’Acadie
Sons,
vidéos, textes, cartes,  Sites Acadiens
Evangéline – Vidéo

Le poème Évangéline
(1847) (PDF)
du poète américain
H.W. Longfellow traduit dans
plus de
130 langues permettra
à
des
centaines de milliers d’Américains et d’Européens  de
découvrir
la
tragique histoire du peuple acadien.

Chanson de
Michel
Conte, interprété par Marie-Jo
Thério / Isabelle Roy  Vidéo
1 Vidéo
2   Texte de la chanson
(Cf. aussi le livre d’Antoine
Maillet, Pélagie-la-Charrette, 1979, traduction allemande en
2002, Mit der Hälfte des Herzens, dtv)

<>

 La
déportation est annoncée      
        Les familles sont
séparées: Le départ vers l’exil

Les maisons sont
brûlées

Sources: Avec
l’aimable autorisation
de Maurice Basque, Directeur des Études acadiennes à
l’Université de
Moncton, © http://www.umoncton.ca/etudeacadiennes/centre/cea.html,
( faire une recherche
par mots clés),
Légendes, contes et traditions
populaires en Acadie – Site
interactif;  ©CyberAcadie. L’Acadie en
images: http://frontenac.ameriques.free.fr/acadie_en_images.php
Cf. Poirier,
Pascal (1993/1995) : Le Glossaire
acadien. Edition critique établie par Pierre M.
Gérin. Moncton : Éditions
d’Acadie/Centre d’études acadiennes. Publication
électronique :http://www2.umoncton.ca/cfdocs/cea/livres/doc.cfm?livre=glossaire
500 p. Cf. aussi le site du chanteur Zachary
Richard. Cf. les ouvrages d’Ingo Kolboom (1999, 2001, 2005), de
Maurice Basque (1999, 2005 ) ( Bulletin
Contact-Acadie, no
34, 2004), et
de Michel Roy (1989)dans notre bibliographie. Cf.
aussi les publications
du
Centre d’études acadiennes. Cf. la Trame
chronoloqique et des parcours
thèmatiques. Destinée
de trois familles déportées (Carte animée)
Cf. aussi les Frontières fluctuantes de
l’Acadie, 1603-2004: Carte
interactive.

L’histoire des
Acadiens. Textes adaptés et modifiés par  Manfred
Overmann
Nous
attribuons le nom Acadia ou Arcadia à l’explorateur italien
Giovanni da Verrazzano (1485-1528) qui explora le littoral
nord-américain au début du seizième siècle.
Deux sources possibles
expliquent le choix de ce nom. Certains prétendent
que le nom vient des
Amérindiens que Verrazzano
rencontra lors de son voyage et qui répétaient souvent le
mot Quoddy ou
Cadie pour désigner le lieu qui les entourait. Une autre
hypothèse veut
que la beauté de l’endroit porta l’explorateur à se
croire en Arcadie
de l’ancienne Grèce, genre de paradis terrestre de
l’Antiquité.

   
  
              
  

L’Acadie (1604-1763)

L’Histoire
de l’Acadie s’échelonne sur une période allant de
son exploration par Giovanni da Verrazano en 1524
jusqu’à la cession définitive du territoire qui passe aux
Anglais en
1713 et la grande Déportation en 1755.

Les premiers colons européens du territoire, connus
plus
tard comme Acadiens, sont des sujets français provenant
principalement des régions de Pleumartin
et
de Poitiers. L’Acadie
est colonisé une première fois par la France sur
l’île de
Sainte-Croix, située dans une rivière du même nom
qui coule sur les
territoires actuels de l’État du Maine et de la province du
Nouveau-Brunswick
et une partie du Québec actuel. Cette
première
colonie française en Amérique fut établie
dès 1604 sur le sol de ce qui
est
connu aujourd’hui comme le Nouveau-Brunswick et la
Nouvelle-Écosse.

Même
si les premiers
colons
français
s’établissent en 1604, des pêcheurs basques, normands et
bretons ainsi
que des commerçants de fourrures de différentes villes
portuaires ont
fréquentés les côtes des Maritimes bien avant cette
date. La France,
alors au prise avec les guerres de religion, n’entre que tardivement
dans la course aux colonies d’Amérique. Conscient des
problèmes des
territoires causés par le commerce des fourrures, le roi accorde
à
partir de 1588 des monopoles de traite à des groupes de
marchands. Peu
à peu une idée fait son chemin: utiliser le monopole de
traite comme un
moyen de financer la colonisation.

C’est sous ces auspices qu’un marchand protestant,
Pierre du Gua, sieur de Monts, obtient d’Henri VI un monopole de traite
d’une durée de dix ans sur un territoire s’étendant du
40e au 46e dégré
de latitude Nord, contre l’obligation d’y établir un certain
nombre de
colons. De Monts, Samuel de Champlain et Jean de Biencourt de
Poutrincourt font partie en 1604 d’une expédition d’environ 80
hommes.
Choisissant la baie Française (baie de Fundy), ils
décident de
s’établir à l’île Sainte-Croix.

La
colonie de Sainte-Croix ne
survivra
pas, en raison semble-t-il de la rudesse de l’hiver et du manque d’eau
douce. La moitié des colons meurt à l’hiver de 1605 et il
est décidé de
relocaliser le groupe à un autre endroit. Cet autre endroit,
cette fois
situé près de la Baie
de Fundy, sera nommé Port-Royal.
Les colons quitteront les lieux en 1608 pour s’établir à
l’Habitation
de Québec dans la vallée du St-Laurent. Port-Royal sera
pratiquement
abandonnée jusqu’en 1611. Elle fera par la suite partie de
l’Acadie
jusqu’à la signature des Traités
d’Utrecht en
1713.

Au cours des années
1620, le
roi Charles Ier
d’Angleterre envoya
un groupe d’Écossais pour conquérir l’Acadie et pour y
fonder une
colonie sous le nom de Nova
Scotia. Les Francais perdent
alors la colonie pour quelques
années.

La création de la Compagnie des
Cent-Associés par le cardinal de Richelieu en 1627 annonce un
retour de
la puissance française en Amérique du Nord.. La France,
durant le règne
de Louis
XIII et de Richelieu, prépare la signature du traité de
Saint-Germain-en-Laye (1632) qui assure le retour de ses deux colonies
d’Amérique: la Nouvelle-France (le Québec actuel) et
l’Acadie. Cette
dernière, en raison de sa situation géographique, servira
à l’avenir de
«muraille de Chine» entre la Nouvelle-France et les
colonies anglaises.
La décision d’implanter le régime seigneurial et la
nomination d’Isaac
de Razilly comme gouverneur de l’Acadie indique un regain de vie pour
la colonie. C’est à ce moment que se déploient des
efforts sérieux pour
la colonisation de l’Acadie.

En 1654 le roi Louis XIV désigne Nicholas
Denys
comme gouverneur d’Acadie,
en lui accordant des terres et les droits sur tous ses minerais. En
1698 le
territoire est à nouveau conquis par des colons anglais au cours
de la Guerre de
l’alliance mais revient
à la France au règlement de paix. Il est de nouveau
repris au cours de
la Guerre de Succession d’Espagne
et sa conquête confirmée par le Traité d’Utrecht en
1713.

La
signature du traité
d’Utrecht en
1713 change
l’équilibre des forces en Amérique. Suivant l’article 12,
trois
territoires sont cédés à L’Angleterre: la baie
d’Hudson, Terre-Neuve et
l’Acadie. La France conserve cependant un territoire dans le Golfe de
Saint-Laurent: l’île Royale, aujourd’hui l’île du
Cap-Breton.

Si
l’année 1713 signifie la perte de territoires importants pour la
France, elle inaugure une nouvelle ère pour les Acadiens. Pour
la
première fois depuis leur arrivée en Amérique, ils
connaissent une
période de stabilité et de paix consécutive d’au
moins 30 années. C’est
la première fois depuis le début du XVIIe siècle
que les Acadiens
vivent enfin une aussi longue période de tranquilité. Ils
manifestent
une croissance démographique phénoménale due
à un taux de fécondité
parmi les plus élevés à l’époque.

Cependant
les Anglais craignent que
les
Acadiens passés sous souveraineté
britannique, auxquels ils avaient interdit d’émigrer vers les
territoires restés français, puissent leur être
déloyaux en temps de
guerre. Ils exigèrent d’eux un serment de
fidélité, puis un serment de
participation au conflit contre les Français, et
multiplièrent les
vexations. Finalement, le gouverneur anglais Monkton fit
détruire 6000
maisons acadiennes en 1755,
expulsant les habitants sans ménagement : Ce fut la
Déportation
des Acadiens, connue
sous le nom de grand
dérangement. Certains
Acadiens sont
déportés vers les colonies anglaises de la côte Est
de l’Amérique.
D’autres sont emprisonnés en Angleterre. Les familles sont
souvent
séparées. Beaucoup meurent d’épidémie ou de
privations pendant l’exode. Plus
de 12 000 Acadiens et
Acadiennes
parmi les 15 000 seront ainsi déportés vers les colonies
anglaises et
en Europe, tandis que 3000
autres s’échappent en se cachant dans les bois.
Ce
n’est qu’après le traité de Paris (1763) que des
Acadiens purent
partir vers la colonie française de Louisiane (où ils
devinrent les fondateurs de la culture cajun) et d’autres se
réfugier
en France, notamment
à Belle-Île-en-Mer.

Après 1764, on a
accordé
aux
Acadiens la permission de revenir s’installer en
Nouvelle-Écosse ;
cependant, ils leur était interdit de s’installer en grand
nombre dans
un même endroit. Par ailleurs, initialement agriculteurs, ils se
sont
retrouvés, faute de terres, forcés à se convertir
à la pêche. Les
Acadiens se sont donc principalement répartis le long de la
côte nord
de la partie continentale de la Nouvelle-Écosse (aujourd’hui le
Nouveau-Brunswick).
D’autres Acadiens ont cherché
refuge en
France, particulièrement à
Nantes. Les îles françaises de Saint-Pierre-et-Miquelon
près de Terre-Neuve
sont devenues un refuge pour beaucoup de familles acadiennes
jusqu’à ce
qu’elles aient été expulsées de nouveau par les
Britanniques en 1778 et
1793. Il y a également des gens d’ascendance
acadienne dans le Maine et au Québec.

Synthèse

L’Acadie
est le
fruit
des efforts de colonisation de la France en Amérique du Nord au
17e
et 18e
siècle. Cette première colonie française en
Amérique fut établie dès
1604 sur le sol de ce qui est connu aujourd’hui comme le
Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse.
Cependant,
après quelques premiers hivers difficiles, la France choisira de
concentrer ses efforts sur le développement de Québec et
de la
Nouvelle-France.
Entre-temps,
l’Acadie continuera de se développer lentement, au gré
des disputes
entre l’Angleterre et la France pour se l’accaparer. L’Acadie deviendra
définitivement britannique dès 1713 par le Traité
d’Utrecht.
La
population acadienne va tout de même continuer à
progresser pour
atteindre le nombre de 15 000 lorsque les Anglais décident de
les
expulser de leurs terres en 1755, période sombre de l’histoire
acadienne. Plus de 12 000 Acadiens et Acadiennes seront ainsi
déportés
vers les colonies anglaises et en Europe, tandis que 3000 autres
s’échappent en se cachant dans les bois. Les
déportés entreprendront
cependant un lent retour suite au Traité de Paris en 1763.

Les
Acadiens et Acadiennes
sont toujours nombreux à habiter les
Provinces des maritimes du Canada et à contribuer à
l’épanouissement de
la langue française. On en y compte plus de 300 000 francophones
dont
plus des deux tiers habitent le Nouveau-Brunswick actuel, au Nord et le
long de la côte Est. D’autres communautés se trouvent en
Nouvelle-Écosse et à
l’Île-du-Prince-Édouard. Ils sont très actifs dans
tous les domaines, tant économique, social que culturel.
L’année
1994
a marqué l’histoire de l’Acadie moderne alors
que s’est tenu au Nouveau-Brunswick le tout premier Congrès
mondial
acadien,
réunissant des milliers d’Acadiens et d’Acadiennes de tous les
coins de
la planète. On compte aujourd’hui un million de personnes se
disant de
descendance acadienne à travers le monde.
En
1999,
l’Acadie a eu l’honneur d’accueillir le 8e
Sommet de la Francophonie.
Il s’est tenu à Moncton, Nouveau-Brunswick. Ce forum
international qui
a lieu tous les deux ans réunit les chefs d’États
francophones et de
pays ayant en commun l’usage du français pendant trois jours de
discussions sur des questions d’intérêt mutuel. Ce fut une
marque de
reconnaissance pour un peuple qui se bat depuis plus de 300 ans pour
ses terres, ses droits et sa langue.
De
plus, en
1999, les cousins Cajuns de la Lousiane ont à
leur tour accueilli la grande famille acadienne dans le cadre du 2e
Congrès mondial acadien.
En
2004 eurent lieu  les grandes
célébrations du 400eanniversaire de la
fondation de
l’Acadie en 2004 et le 3e
Congrès mondial acadien se tint en Nouvelle-Ecosse. 

Source: http://grandderangement.skyrock.com/

Sujets d’étude

1.   Situez
l’Acadie, le
Mississipi,
les villes de Québec et de Montréal sur une carte muette.
2.   Quelle est la capitale de
l’Acadie ?
3.   Citez deux grands  voyageurs,
autres que Verrazano, qui ont
aussi contribué à la découverte du Québec.
4.   Qui fréquentait les
côtes des Maritimes avant les premiers colons
français ?
5.   Décrivez
l’expédition de 1604.
6.   Pourquoi la colonie de
Sainte-Croix est-elle déplacée vers Port-Royal en
1605 ? 
7.   Qu’est-ce que la
« Nova Scotia » ?
8.   Quel titre et quel
rôle
donne Henry IV à Pierre Dugua de Mons ?
9.   Décrivez en 5-6 lignes le
contexte
historique des « grandes découvertes ».
10. Quelles sont les deux hypothèses
avancées par les historiens pour justifier le nom
d’ « Acadie » ?
11. Comment appelle-t-on aujourd’hui
l’ancienne Acadie ?
12. Par quel traité
l’Acadie devient-elle britannique ?
13. Dans quelle mesure le traité d’Utrecht
change-t-il l’équilibre des
forces en Amérique du Nord ?
14. Que se passa-t-il lorsque l’Acadie
devînt britannique ?
15. Où sont déportés les
Acadiens ?
16. Pourquoi les a-t-on expulsé ?
17. Quel nom a-t-on donné à la
déportation massive des Acadiens ?
18. Que permet le traité de Paris ?
19. Dans quelle mesure l’année 1994
a-t-elle constitué un
« tournant » dans l’histoire acadienne ?
20. Quels évènements vont dans
cette même direction ?
21. Qui est Sir William Alexander ? Faites
une petite recherche
biographique et présentez en 5-6 lignes le personnage et son
rôle dans
l’histoire acadienne.
22. Effectuez une recherche et
décrivez
en
5 à 10 lignes ce qu’on appelle
la culture cajun. 
23. Quels événements
marquent l’année 2004 pour les Acadiens ?

Activité
pédagogique 1: La colonisation acadienne (1604-1667)
Activité
pédagogique 2:  Le sort des Acadiens suite à la
colonisation (1630-1748)
Activité
pédagogique 3: Déportation acadienne (1755-1763)

Zachary Richard

Chanson pour les
enfants d’Acadie

Cher
enfant, j’ai fait cette  chanson pour toi,
Pour que tu prenne la bonne chance
Que j’ai perdu de trouver la belle paix
Quej’ai connu quand j’étais jeune.
Cher
enfant, combien de temps je dois souffrir
Pour ouvrir les yeux ce ceux
qui veulent me faire mourir
Avec leur tyrannie.
Le
long de la côte,
Les phares sont éteints,
Je ne suis rien qu’un pauvre pecheur perdu.
L’Acadie, je t’appel.
Peux tu m’entendre
Crier, crier l’Acadie.
Cher
enfant,
Combien de temps je dois attendre,
Pour trouver l’amour qui va me faire danser,
Toute la nuit, toute la vie.
Danse, danser,
danser.
 
Zachary Richard, Les
Editions du Marais Bouleur

Zachary Richard

Réveille

Réveille,
réveille,
C’est les goddams qui viennent,
Voler la récolte.
Réveille, réveille,
Hommes acadiens,
Pour sauver le village.
Mon
grand-grand-grand père
Est venu de la Bretagne,
Le sang de ma famille
Est mouillé l’Acadie.
Et là les maudits viennent
Nous chasser comme des bêtes,
Détruire les familles,
Nous jeter tous au vent.
Réveille,
réveille,
C’est les goddams qui viennent,
Voler la récolte.
Réveille, réveille,
Hommes acadiens,
Pour sauver le village.
J’ai entendu
parler
De monter avec Beausoleil.
Pour prendre le fusil
Battre les sacrés maudits.
J’ai entendu parlé
D’aller dans la Louisianne
Pour trouver de la bonne paix
Là-bas dans la Louisianne.
Réveille,
réveille,
C’est les goddams qui viennent,
Voler la récolte.
Réveille, réveille,
Hommes acadiens,
Pour sauver le village.
J’ai vu mon
pauvre père.
Il était fait prisonnier.
Pendant que ma mère, ma chère mère
Elle braillait.
J’ai vu ma belle maison
Était mise aux flammes,
Et moi je suis resté orphelin,
Orphelin de l’Acadie.
Réveille,
réveille,
C’est les goddams qui viennent,
Voler la récolte.
Réveille, réveille,
Hommes acadiens,
Pour sauver le village.
Réveille, réveille,
C’est les goddams qui viennent,
Voler les enfants.

Paroles et
musique : Zachary Richard
Album :
Travailler c’est trop dur :
Anthologie 1976-1999.
Les Editions du
Marais Bouleur.
You Tube (5’29)
ou (4’42)

Josée Vachon

French in
America –
Josée Vachon

Paroles et
musique :
Josée Vachon
 

Tout le long,
maluron, malurette
Tout le long,
maluron, malurai. (bis)
 

Venez tous,
jeunes filles et garçons, je vais vous raconter

L’histoire de
notre immigration ici au U.S.A.
De grands
aventuriers, des pays étrangers
Le long du
grand Mississippi, venus coloniser.
 

Et, en 1755,
des villages acadiens
Brulés un
soir
inattendu, par les Anglais vilains
Des familles
séparées, en bateaux, exilées
Et par la mer,
emportées dans un pays lointain.
 

Du Québec
vers
la Nouvelle-Angleterre, des habitants
Venus travailler
l’usine, il y a plus de 100 ans
Dans leurs
« p’tits Canadas », par leur langue et leur foi
Vivant la
survivance mais, au moins, pour un moment.
 

« Speak
white », on nous disait pour enlever notre héritage

C’est par
l’assimilation qu’on trouve les avantages
The borders
between lands are not all that we have crossed
Now, we must
be taught the language that our mothers lost.
 

Today our
fathers look at us and sigh with despair
To think
that everything they love we simply do not share
The spirit
never dies, our culture will survive
Each of us
must choose how much to keep alive.

Chanson
en mp3

Pour approfondir:
Texte
didactisé
I -  La
tragédie
acadienne
(1753-1763)
Texte didactisé II -  Le grand
dérangement (1755)
et   III  cliquez ici

Lettre
du secrétaire colonial, William Cotterell, au gouverneur Hopson,
concernant le serment d’allégeance distribué aux Acadiens
par
l’enseigne Wroth
GAUDET, Placide.
« Généalogie des familles
acadiennes », Rapport
des archives canadiennes,
vol. 2, 1905, Ottawa, C. H.
Parmelee, 1909, p. 114-115.

Hier die große Karte von unten
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Pour
aller plus loin:

Les
Acadiens contre vents et marées

< style= »font-family: arial; »>L’histoire
des Acadiens
 © Daniel
L. Robichaud: CyberAcadie

Éparpillement
des Acadiens

Le
« Grand Dérangement » (1755 à 1763)

La
Guerre de Sept Ans (1756 à 1763)

Le
Manifeste de Beaubassin
(Déportation ou
Génocide)

Chronologie
de 1740 à 1763

Éparpillement
des Acadiens  (1755-1763)

 
Introduction

Les historiens
ont l’habitude de
retenir 1755 comme la date charnières de l’histoire des
Acadiens. Mais
replacé dans le contexte global des provinces Maritimes, le
phénomène
de la « Déportation » apparaît plutôt comme la suite
d’une série
d’événements remontant au moins à 1749,
c’est-à-dire à la fondation de
Halifax (Nouvelle-Écosse) par les Britanniques.

Il faut se rappeler que de 1713 à
1749 la Nouvelle-Écosse péninsulaire, quoique appartenant
légalement à
l’Angleterre, n’en demeurait pas moins un territoire au visage
français. Il y avait bien un gouvernement colonial anglais
à
Port-Royal, que l’on avait rebaptisé Annapolis Royal, mais son
rayonnement ne dépassait pas beaucoup la capitale
elle-même: les
campagnes et ses habitants étaient restés
français. Les Acadiens
continuaient à vivre de la pêche, de l’agriculture, un peu
de la traite
des fourrures avec les Indiens, et ils s’administraient eux-mêmes
dans
une assez large mesure. À maintes reprises, l’Angleterre leur
avait
demandé de devenir des sujets britanniques par un serment de
fidélité
inconditionnelle. Les Acadiens s’y opposaient avec
ténacité et ne
voulaient prêter qu’un serment de fidélité
conditionnelle: alléguant
que les Anglais les avaient empêchés d’émigrer en
territoire français
comme le prévoyait une directive de la Reine Anne d’Angleterre,
les
Acadiens en effet ne voulaient consentir qu’à rester neutres en
cas de
conflit entre la France et l’Angleterre. Et l’Angleterre de demeurer
impuissante devant ces nouveaux sujets qui voulaient rester neutres.

En 1749 cependant, l’Angleterre
décide, une fois pour toutes, de « britanniser » sa colonie
acadienne.
Elle transfère sa capitale d’Annapolis Royal à Halifax,
meilleur port
de mer qui permet aux Britanniques de recommencer à neuf, loin
des
pressions acadiennes. De plus, elle entreprend, dès 1751, un
effort
d’immigration: elle mène sa campagne de publicité non
seulement auprès
des protestants de la Nouvelle-Angleterre, mais aussi dans les
territoires allemands appartenant à la couronne britannique
(fondation
de Lunenburg, N.-É., en 1753). Enfin, elle ordonne à son
gouverneur de
mettre sur pieds des institutions de type britannique, en particulier
une législature coloniale, ce qui sera chose faite en 1758
malgré les
tergiversations du gouverneur Charles
Lawrence.

Nouvelle capitale, nouveau stock
d’immigrants pour contrebalancer l’influence acadienne, institutions de
type britannique, tout cela ne réglait pas le « problème »
acadien, mais
indiquait clairement la détermination britannique d’en finir
avec ces
« French Neutrals ». C’est ainsi que l’Angleterre demande encore une fois
aux Acadiens un serment de fidélité inconditionnelle.
Nouveau refus des
Acadiens. Mais les événements allaient se
précipiter. Anglais et
Français avaient en effet commencé à s’affronter
dans la vallée de
l’Ohio dès 1754, ce qui, joint aux pressions de la forteresse de
Louisbourg, menaçait de prendre l’Angleterre comme dans un
étau. Que
feraient, en cas de conflit, les Acadiens? II fallait donc
régler, du
point de vue de l’Angleterre, le « problème acadien », et cela
était
d’autant plus facile que l’Angleterre avait accru son emprise en Acadie
depuis 1749.

Ainsi alors s’explique la
Déportation commencée à Grand-Pré en 1755
et qui ne devait se terminer
qu’en 1761: un désir manifeste de l’Angleterre de « britanniser »
sa
colonie; la persistance des Acadiens a gardé leur qualité
de Français;
une conjoncture militaire qui apparaissait au départ
défavorable aux
Britanniques.

Sur les 8,000 à 10,000 Acadiens des
provinces maritimes, les trois quarts furent soit
déportés dans les
colonies anglaises (États-Unis actuels), soit
emprisonnées dans les
prisons de Halifax ou de Londres. Le reste réussit à se
réfugier dans
les bois du Nouveau-Brunswick ou à fuir vers le Québec
actuel.

  Éparpillement
des
Acadiens (1755-1761)

Nous
avons vu, dans l’introduction, que l’Angleterre avait
décidée, en 1749, de « britanniser » sa colonie de la
Nouvelle-Écosse. Le
Guerre de Sept Ans (1756-1763), que des auteurs américains
nomment
aussi « The French and Indiens War », devait par ailleurs
accélérer le
processus de cette « britannisation ». La guerre, dont les origines sont
davantage nord-américains qu’européennes, permit en effet
à
l’Angleterre, après des échecs initiaux (1756-1758), de
se substituer
finalement à la France dans toute l’Amérique
septentrionale. Dans le
région des provinces Maritimes, la France gardait encore le
Cap-Breton,
appelée alors île Royale, et l’Île du
Prince-Édouard, désignée alors
île Saint-Jean. La chute de Louisbourg en 1758 scella le sort de
ces
deux possessions françaises.

Mais
deux ans déjà avant la déclaration formelle de la
guerre, Anglais et Français avaient commencé à
s’affronter. L’Ohio
avait d’abord servi de théâtre militaire en 1754.
Craignent d’être
prise dans un étau, les autorités anglaises
dépêchèrent en 1755 le
colonel Monckton
attaquer le fort Beauséjour qui tomba en juin 1755. Les
événements
devaient se précipiter par le suite: après la chute dit
fort
Beauséjour, les autorités anglaises entreprirent de
déporter toute la
population de la Nouvelle-Écosse péninsulaire. Cinq
à six mille
Acadiens devaient ainsi être déracinés. La
population de Louisbourg,
environ 2,000 habitants, fut rapatriée en France, comme ce fut
le cas
de celle de l’Île Saint-Jean, ces deux colonies étant
encore légalement
possessions françaises. Dans le cas de l’île Saint-Jean,
toutefois,
cette colonie comprenait, en plus des quelques centaines de colons qui
s’y étaient établis depuis quelques années,
près de 5,000 colons
acadiens qui avaient réussi à se soustraire aux
recherches des troupes
de Lawrence
en Nouvelle-Écosse; la plupart seront rapatriés en
France, mais une
bonne partie aboutira dans les prisons anglaises de l’Angleterre.

L’on
a beaucoup écrit, non sans faire appel aux sentiments,
pour tenter établir la responsabilité de la
Déportation. Les uns y ont
vu l’½uvre de Lawrence
seul, d’autres ont insisté sur le rôle-clé de la
Nouvelle-Angleterre,
d’autres enfin ont plutôt mis en lumière la politique de
Londres.

À
une époque où le croit des gens et des
nationalités
comptait pour bien peu de chose, il faut plutôt insérer la
question
acadienne, comme l’a écrit Guy Frégault, dans le cadre de
deux Empires,
l’un français et l’autre anglais, qui poursuivaient a la
même époque la
même politique (la colonisation de l’Amérique du nord),
avec les même
moyens. Même la France ne répugnait pas à
l’idée de la Déportation:
dans son projet avorté de la conquête du New York en 1689,
la France
prévoyait en effet déporter une partie des colons; de
même en 1746 et
en 1751 des officiers français avaient reçu l’ordre de
déporter les
Acadiens qui refuseraient d’embrasser la cause française. Il est
vrai
qu’aucune déportation ne fut exécutée, mais ces
directives de la France
à ses représentants illustrent quand même la
mentalité du temps.

En
ce qui concerne l’Angleterre et la déportation des
Acadiens, les journaux de l’époque, tel le London Magazine en
1749,
mentionnait de temps à autre la déportation comme
solution éventuelle.
La correspondance entre le « Board of Trade » et les autorités de
Halifax
contient également d’assez fréquentes
références à cette solution
extrême avant même qu’an ne la mit en pratique. De sorte
que Lawrence,
lorsqu’il se résolut enfin à chasser les Acadiens de
l’Acadie, n’avait
certes pas peur d’un blâme de l’Angleterre. Les
événements devaient lui
donner raison sur ce point: mise au courant de l’initiative de
Lawrence, l’Angleterre ne fit rien pour l’en dissuader et les
déportations se poursuivirent jusqu’en 1761, et quant à
Lawrence
lui-même, il fut promu au grade de Gouverneur en 1756. Le
Gouverneur-général de la Nouvelle-France,
Vaudreuil-Cavagnal,
essaiera bien en 1760 de faire arrêter les déportations:
lorsque
celui-ci soumit ses conditions de capitulation au général
Jeffrey
Amherst, il demanda qu’ »aucuns Canadiens, Acadiens, ni
Français
(…) ne puissent être portés, ni transmigrer dans les
colonies
anglaises, (… ) » . Le général anglais écrira
dans la marge « Accordé,
excepté à l’égard des Acadiens ».

Les
Acadiens déportés aux États-Unis ne furent pas
toujours
bien accueillis. En effet, les autorités coloniales
américaines
n’avaient en général pas été
consultées quant à l’arrivée des Acadiens.
Souvent mal organisée, la Déportation passait surtout
pour une charge
fiscale supplémentaire aux yeux des colons américains. De
plus,
l’arrivée de Français et de catholiques dans des colonies
farouchement
protestantes brisait une homogénéité religieuse
que l’on avait établie
parfois avec peine. Ainsi, en 1762, cinq goélettes avec 1500
Acadiens
en route vers Boston durent revenir à Halifax à cause du
refus du
Massachusetts de les accepter. Dans de nombreux cas, les Acadiens
restaient des semaines et des mois sur les bateaux ancrés dans
les
ports, en proie à la faim et aux maladies. Le Maryland,
toutefois, se
montra davantage accueillant: cette colonie protestante se souvenait
sans doute qu’elle avait été jadis fondée pour et
par des immigrants
catholiques britanniques. En tout, environ 6000 Acadiens furent
déportés dans les colonies américaines.

Un
deuxième groupe d’Acadiens fut tout simplement gardé
prisonnier à Halifax où on les employa à fortifier
la capitale contre
les attaques françaises pendant qu’un autre groupe était
amené
prisonnier en Grande-Bretagne. Situation pénible que ces
prisonniers en
Angleterre. Mal nourri, mal soigné dans des prisons humides et
froides,
un bon nombre y mourut. Dans la prison de Bristol, par exemple, sur 300
Acadiens, 184 n’en sortirent pas vivants. À la fin des
hostilités, ces
Acadiens prisonniers en Angleterre seront rapatriés en France

certains s’établiront à belle Île en Mer (Bretagne)
ou tenteront de
fonder une colonie dans le Poitou. Cette tentative de colonisation au
Poitou sera vaine, la plupart des Acadiens préférant se
diriger vers la
Louisiane.

Un
troisième groupe d’Acadiens réussit enfin à
échapper à la
déportation. Certains s’enfuirent en effet dans les bois du
Nouveau-Brunswick actuels où, durant un temps, ils
menèrent tant bien
que mal une guérilla inefficace contre les soldats anglais,
surtout
dans la région de la rivière Miramichi et de la baie des
Chaleurs.
C’est d’ailleurs dans la baie des Chaleurs que fut tiré le
dernier coup
de canon de la France pour la conservation de son Empire en
Amérique.
D’autres se réfugièrent à la rivière
Saint-Jean, près de Sainte-Anne
notamment (aujourd’hui appelé Fredericton), mais les troupes de
Monckton
les en délogèrent et ils durent pousser plus loin au
nord, vers le
Québec actuel. Les registres de baptême témoignent
du passage de ces
familles qui cherchaient un lieu sûr dans une Nouvelle-France
elle-même
déchirée par la guerre.

 

Léon Thériault
(Département
d’histoire Université de Moncton,
Moncton, N.-B.)

Source :
Petit manuel d’histoire d’Acadie, de1755 à 1767, Librairie
Acadienne,
Université de Moncton, Léon Thériault, 1976 – Daniel L. Robichaud: CyberAcadie :
L’histoire  des Acadiens -http://www.cyberacadie.com/acadie_1755_1763.htm

  Le « Grand
Dérangement »
(1755
à 1763)

Destinée
de trois familles déportées (Carte animée)

  La
« Déportation » occupe une place très
importante dans
l’histoire acadienne. De 1755 à 1763, la plus grande partie du
peuple
acadien a été
déportée dans les colonies américaines, en
Angleterre et en France. Les
Acadiens,
exilés ou fugitifs, ont traversé une longue
période d’errance à la
recherche d’une
nouvelle terre d’accueil. Les Acadiens survivants de cette
période
l’ont qualifiée de
« grand dérangement ».

L’Acadie,
colonie fondée en 1604, se distingue par son emplacement
géographique.
À l’époque où
la France et l’Angleterre colonisent le continent
nord-américain,
l’Acadie se situe entre
deux colonies importantes et antagonistes: la NouvelleAngleterre au sud
et la
Nouvelle-France au nord. Ainsi pendant toute son histoire, l’Acadie est
malgré elle
entraînée dans une série de conflits militaires.

Le
premier foyer principal de peuplement acadien a été la
région de
Port-Royal. À partir
de 1670, la population essaime vers le fond de la baie
Française. Elle
occupe la région
de Beaubassin vers 1672 et celle du bassin des Mines vers 1686. Cette
expansion correspond
à l’essor démographique de la population acadienne qui
passe de 400 en
1671 à 2 900 en
1714.

De 1604
à 1713, l’Acadie change de mains à sept reprises.
Laissés souvent à
leur sort, les
Acadiens développent un esprit d’indépendance. Or,
jusqu’en 1710,
malgré les conquêtes,
la présence anglaise ne se manifeste que par les visites de
marchands
et de pêcheurs qui
exploitent les richesses du territoire acadien. Les choses prennent
cependant un tour
différent après la capitulation de Port-Royal en 1710. On
y installe
alors des troupes
anglaises et on rebaptise l’endroit Annapolis Royal.

En 1713,
le traité d’Utrecht, signé entre la France et
l’Angleterre, cède
l’Acadie aux
Britanniques. La France perd aussi la baie d’Hudson et Terre-Neuve,
mais conserve l’Île
Royale (Cap-Breton) et l’Île Saint-Jean
(Île-du-Prince-Édouard). De
plus, elle
maintient une présence sur le territoire actuel du
Nouveau-Brunswick,
région disputée
par les Anglais.

Le
traité d’Utrecht laisse le choix, aux Acadiens du territoire
rebaptisé
« Nova
Scotia », de prêter serment à la Couronne britannique ou de
quitter les
lieux dans
un délai d’un an. La France développe l’Île Royale
et tente d’abord (de
1713 à 1720)
d’y attirer les Acadiens, mais ceux-ci détiennent des terres
fertiles
et sont déçus de
la qualité des terres proposées. Peu après, les
autorités françaises,
qui anticipent
un retour offensif en Nouvelle-Écosse, songent qu’il est
préférable d’y
laisser les
Acadiens.

De leur
côté, les Anglais, alors peu intéressés
à coloniser la Nouvelle-Écosse,
n’ont pas
intérêt à laisser les Acadiens renforcer la
présence française à l’Île
Royale. Ils
les dissuadent de partir en leur interdisant de construire des bateaux
et de vendre leurs
propriétés et leur bétail. La principale
préoccupation anglaise est
d’amener les
Acadiens à prêter le serment d’allégeance.

La
question du serment va hanter les Acadiens pendant plusieurs
années.
Ils refusent de
prêter un serment sans condition puisqu’ils tiennent à
conserver leur
liberté
religieuse et à être exemptés du port d’armes en
cas de guerre.
Finalement en 1730, le
gouverneur Philipps
accepte ces conditions sous promesse verbale, et les Acadiens
deviennent des sujets neutres.

Pendant
une trentaine d’années, la NouvelleÉcosse connaît
la paix et se
développe à un rythme
exceptionnel. Si bien qu’en 1755, on compte environ 13 000 Acadiens.
Ceux-ci n’inquiètent
pas outre mesure les autorités anglaises; ce sont plutôt
les
Amérindiens qui leur
causent des soucis. Gagnés à la cause française,
ces derniers sont
demeurés sur le
pied de guerre contre les Anglais. Par ailleurs, la Nouvelle-Angleterre
accepte mal
l’ampleur qu’a prise Louisbourg au cours des années. Cette
forteresse
est devenue un
centre commercial très important et un sérieux concurrent
pour les
colonies anglaises.

 La
tension
monte

En 1744,
la guerre éclate entre la France et l’Angleterre. Tour à
tour,
Louisbourg et la
Nouvelle-France lancent des attaques contre la Nouvelle-Écosse,
mais la
prise de
Louisbourg par la Nouvelle-Angleterre en 1745 leur inflige un
sérieux
revers. En 1746, la
France tente de reprendre à la fois l’Île Royale et la
Nouvelle-Écosse,
mais essuie
encore un échec lorsque le duc d’Anville voit sa flotte
décimée par une
tempête.

Au grand
mécontentement des colonies anglaises, le traité
d’Aix-la-Chapelle,
signé en 1748, rend
Louisbourg à la France. Ce traité a des
conséquences importantes pour
les Acadiens.
Ceux-ci sont en vaste majorité restée neutre, mais la
situation devient
précaire
puisque la France et l’Angleterre ont décidé de
consolider leur
position dans la
région.

Suite aux
pressions exercées par les colonies anglaises, le « Board of
Trade »
décide de britanniser
la Nouvelle-Écosse. En 1749, on fonde Halifax pour apporter un
contrepoids à Louisbourg.
L’arrivée d’environ 2 000 colons et d’un fort contingent
militaire
change le visage de la
province. À nouveau, on exige que les Acadiens prêtent un
serment sans
réserves. Le
gouverneur Cornwallis
se bute à la ténacité acadienne; ceux-ci ne
modifient pas leur
position. De plus, le plan de colonisation britannique au nord de la
rivière Mésagouèche est contrecarré par la
présence française dans
cette région.

En effet,
la France tente de garder un lien de communication entre Québec
et
Louisbourg et veut
refouler la progression des Anglais vers le Canada. En 1749, on envoie
Boishébert
relever
les fortifications à l’embouchure du fleuve Saint-Jean. Le but
des
autorités françaises
est de bloquer l’isthme de Chignectou et de créer une nouvelle
Acadie
française en
enjoignant les Acadiens à émigrer sur le territoire
actuel du
Nouveau-Brunswick.

Tour à
tour, Français et Anglais se fortifient dans la région
disputée. Les
Anglais
s’installent à GrandPré en 1749, à Pigiguit en
1750 et à Beaubassin en
1751. Du côté
français, on construit les forts Beauséjour et Gaspareau
en 1751. Face
à cette attitude
agressive, des familles acadiennes se réfugient dans les
territoires
français
avoisinants, notamment à l’Île Saint-Jean.

De 1752
à 1754, la situation demeure calme. On ne tient pas à ce
que les
Acadiens aillent
grossir les établissements français et le gouverneur
Hopson
ne soulève pas la question
du serment. Toutefois sous Charles
Lawrence, nommée lieutenant-gouverneur en 1754, la
situation se transforme rapidement.

Contrairement
à ses prédécesseurs, Lawrence
envisage ouvertement la déportation. Ce militaire de
carrière songe d’abord à la défense de la colonie
et entend régler le
problème du
serment. À l’été 1754, il avise ses
supérieurs de sa position: les
Acadiens ne
prêteront jamais de serment à moins d’y être
contraints. Or, ils
occupent les
meilleures terres de la Nouvelle-Écosse. Lawrence
conteste donc leur droit à la
propriété et suggère leur départ.

Pendant
ce temps, les tensions s’accroissent en Amérique du Nord, et les
autorités se
préoccupent surtout de la défense de la vallée de
l’Ohio. Lawrence
prépare donc
rapidement l’attaque avec Shirley,
gouverneur du Massachusetts. Ce dernier recrute 2 000
hommes pour renforcer les troupes régulières. Au mois de
juin 1755, Robert
Monckton,
commandant de l’expédition, prend les forts Beauséjour et
Gaspareau. Boishébert
choisit
de détruire son fort plutôt que de le rendre aux Anglais
et se replie
plus haut sur le
fleuve Saint-Jean.

 La
Déportation

L’attitude
anglaise envers les Acadiens s’est durcie depuis que la guerre a
éclaté
en Amérique.
Avec l’anéantissement des forces françaises dans la
région, Lawrence
décide de régler
une fois pour toutes la question du serment et, du même coup, le
sort
des Acadiens.

Peu avant
la prise du fort Beauséjour, le capitaine Murray,
en poste au fort Edward à Pigiguit,
confisque les armes et les bateaux des Acadiens des Mines. Le 3
juillet, des délégués
viennent rencontrer Lawrence
et son conseil pour présenter une pétition à ce
sujet.
Profitant de l’occasion, Lawrence
insiste pour que les délégués prêtent
serment, mais
ceux-ci refusent de signer sans consultation générale. Du
coup, ils
sont emprisonnés.
On convoque ensuite une centaine de députés de la
région d’Annapolis et
des Mines qui,
les 25 et 28 juillet, refusent également de prêter un
serment sans
condition; ils sont
emprisonnés à leur tour.

Le
conseil décide à l’unanimité de déporter
les Acadiens dans les
différentes colonies
américaines. Le plan de Lawrence
est d’expulser les Acadiens et de les remplacer par des
colons de la NouvelleAngleterre. Le 31 juillet, il donne ses
instructions et déploie les
forces anglaises (2 000 Coloniaux et 250 soldats britanniques) de la
façon suivante: le
colonel Robert
Monckton à l’isthme de Chignectou, le colonel John
Winslow dans le
district des Mines, le capitaine Alexander Murray à Pigiguit et
le major John
Handfield,
déjà en poste à Annapolis, est chargé de
son district.

Lawrence
donne l’ordre de capturer les hommes et de les détenir en
attendant le
départ des
bateaux. Pour empêcher la population de fuir, on confisque les
embarcations, on saisit le
bétail et les céréales et on surveille les routes.
Il y a résistance
acadienne et
amérindienne, mais les forces dirigées par
Boishébert
sont trop faibles pour éviter la
tragédie.

À
Beaubassin, Monckton
s’installe au fort Beauséjour, rebaptisé Cumberland. Le11
août,
obéissant à la convocation émise un peu plus
tôt par Monckton,
400 hommes se
présentent au fort. On leur annonce qu’ils sont
considérés rebels,
qu’on confisque
leurs terres et cheptel et qu’ils sont désormais prisonniers.

La
région confiée à Monckton
compte de nombreux établissements éparpillés sur
les
rivières Chipoudy, Petcoudiac et Memramcook, ce qui permet
à plusieurs
familles
acadiennes de fuir. Les militaires chargés de fouiller ces
endroits
ramènent peu de
prisonniers mais brûlent tout sur leur passage: maisons et
récoltes. À
la Petcoudiac
par exemple, l’expédition commandée par le capitaine Frye
doit faire
face aux hommes de Boishébert.
Frye se retire au fort Cumberland, emportant quelque 23 femmes et
enfants
avec lui et détruisant plus de 200 bâtiments et une grande
quantité de
blé et de lin.

Le 10
septembre, on commence l’embarquement. Le 13 octobre, une flotte de 10
navires quitte
l’isthme de Chignectou à destination de la Caroline du Sud, de
la
Pennsylvanie et de la
Géorgie avec à son bord environ 1 100 personnes.
Après un arrêt aux
Mines, pour
embarquer d’autres Acadiens, les navires partent finalement le 27
octobre.

Aux
Mines, Winslow
et Murray
se partagent la tâche. Winslow
s’installe à Grand-Pré le 19
août et établit ses quartiers dans l’église et le
presbytère. Le 5
septembre, Winslow
et Murray
convoquent tous les hommes: 418 sont faits prisonniers à
l’église de
Grand-Pré et 183 au fort Edward. Winslow
est soucieux du fait que le nombre de
prisonniers dépasse celui des soldats. Informé de
l’aventure de Frye et
craignant une
rébellion, il décide de diviser les prisonniers et fait
monter 230
jeunes hommes à bord
des cinq bateaux présents.

Comme
dans la région de Chignectou, certaines familles
réussissent à prendre
la fuite. À
l’arrivée de nouveaux transports, le 8 octobre, on entreprend
l’embarquement. C’est un
temps de confusion et de désolation. Le 1er novembre, plus de
1500
Acadiens entassés sur
des bateaux sont déportés au Maryland, en Pennsylvanie et
en Virginie. Murray
réussit
à embarquer toute la population de Pigiguit (environ 1000).
À
Grand-Pré, il ne reste
plus que 600 personnes qui, le 13 décembre, sont
déportées à leur tour.
On procède
ensuite à la destruction des villages.

À
Annapolis Royal cependant, les événements sont moins
contrôlés. Hanfield
a décidé de
ne regrouper les hommes qu’une fois les transports arrivés et
bon
nombre d’habitants en
ont profité pour fuir. Le 3 novembre, on incendie les villages
des deux
côtés de la
rivière et après une battue, on capture 600 personnes. Au
mois de
décembre, plus de
1600 Acadiens sont déportés au Massachusetts, au
Connecticut, à New
York et en
Carolines du Nord et du Sud.

Dans la
hâte et la confusion, plusieurs familles sont
démantelées. La
déportation est synonyme
de destruction et de mort. Toutefois, ce n’est pas tant
l’opération
militaire que les
voyages sur les navires qui sont la cause d’un grand nombre de
mortalités. Par exemple,
le « Cornwallis » qui quitte Beaubassin avec 417 Acadiens à son
bord ne
compte à
son arrivée à Charleston que 210 survivants, ce qui
illustre bien les
conditions de vie
sur les bateaux. La mauvaise alimentation, l’entassement et la maladie,
notamment une
épidémie de petite vérole, emportent de nombreuses
vies.

Il est
difficile de calculer exactement le nombre de déportés.
Quant aux
Acadiens embarqués à
destination des colonies américaines on avance cependant les
chiffres
suivants: 900 au
Massachusetts, 675 au Connecticut, 200 à New York, 700 en
Pennsylvanie,
860 au Maryland,
290 en Caroline du Nord, 955 en Caroline du Sud, 320, en Géorgie
et 1
150 en Virginie.
Toutefois, la Virginie a refusé d’accueillir les Acadiens et en
1756,
les a envoyés en
Angleterre,

La
Déportation se poursuit. En 1756 par exemple, on emmène
environ 70
personnes de
Poboncoup. Les Acadiens réfugiés à l’Île
Saint-Jean n’échappent pas au
malheur. La
seconde déportation massive a lieu en 1758. Après la
prise de
Louisbourg, Lord
Rollo
s’arrête à l’île Saint-Jean afin d’en
déporter la population. Pendant
qu’on vide les
grands centres, environ 600 personnes réussissent à fuir
vers la
Miramichi et vers le
Canada. Néanmoins, les Anglais mettent la main sur 3 500
Acadiens
qu’ils envoient en
Angleterre et en France. En cours de route, deux des neuf navires du
convoi sombrent avec
700 personnes à leur bord.

De 1758
à 1763, les réfugiés sont pourchassés et
déportés. À Halifax, on
détient environ 2
000 Acadiens en attendant l’expulsion. En 1760, on déporte 300
prisonniers en France. La
dernière déportation a lieu en 1762 alors que 1300
Acadiens sont
envoyés à Boston. Le
Massachusetts refuse cependant de les accueillir et ils sont
ramenés à
Halifax où ils
sont détenus comme prisonniers de guerre.

Bon
nombre d’entre eux sont employés à travailler sur
d’anciennes terres
acadiennes ou aux
fortifications de la citadelle.

Les
gouverneurs des colonies sont informés de l’arrivée des
déportés par
une lettre que Lawrence
a confiée aux capitaines des navires. Cet afflux d’exilés
est loin de
les
enthousiasmer puisque les colonies sont majoritairement protestantes et
anticatholiques.
De plus, la présence des Acadiens n’est guère
appréciée à une époque où
un conflit,
notamment la guerre de Sept Ans, oppose Français et Anglais.

Éparpillés
dans les colonies, les Acadiens vivent à la charge de
l’État, leur sort
étant confié
à ceux qui s’occupent des pauvres. Il arrive que l’on retire des
enfants de leur famille
afin qu’ils soient placés chez des paroissiens riches. Plusieurs
familles sont ainsi
séparées. À la recherche de parents, plusieurs
errent à travers les
colonies. Certains
présentent des pétitions aux autorités. Bon nombre
refusent d’être
absorbés dans ces
milieux anglophones. Au Maryland et en Pennsylvanie, les
déportés
demandent à être
traités comme des prisonniers de guerre.

Dans les
colonies du sud, l’assistance et la surveillance des
réfugiés sont
moins bien
organisées et l’accueil est encore plus hostile que dans les
colonies
du nord. En
Virginie, la crainte que les Acadiens n’organisent une cabale avec les
esclaves motive la
décision des autorités de les renvoyer en Angleterre. En
1756, les
gouvernements de la
Caroline du Sud et de la Géorgie autorisent le départ
d’environ 250
Acadiens à bord de
petites embarcations. Inquiet, Lawrence
envoie une lettre circulaire aux gouverneurs leur
demandant d’empêcher le retour des déportés en
NouvelleÉcosse. La
plupart sont
capturés à New York et au Massachusetts, mais une
cinquantaine
réussissent quand même
à gagner le fleuve Saint-Jean.

Les Migrations

Au retour
de la paix en 1763, on assiste à une vague de migration
acadienne hors
des colonies
américaines. Certains arrivent à retourner en
Nouvelle-Écosse, mais il
est difficile
d’en estimer le nombre. Les migrations les plus connues
s’énumèrent
comme suit : en
1763, 116 Acadiens du Massachusetts s’installent aux Îles
Saint-Pierre-et-Miquelon. Bon
nombre émigrent depuis New York vers Saint-Domingue, où
plusieurs
périssent sous le
climat tropical. En 1766, 216 Acadiens de la Nouvelle-Écosse
arrivent
en Louisiane
(colonie française cédée à l’Espagne en
1762) où l’on accueille aussi
en 1767 des
Acadiens du Maryland. En 1766, environ 90 exilés du
Massachusetts se
rendent à Québec.

Le sort réservé aux
déportés en France et
en
Angleterre est tout aussi
mouvementé. Les 1,100 Acadiens rejetés par la Virginie en
1755 sont
transportés dans
les villes de Liverpool, Southampton, Faimouth et Bristol où on
les
installe dans des
entrepôts. Ce groupe est ravagé par une
épidémie de petite vérole en
1756 et ne
compte plus à sa libération, en 1763, qu’environ 866
personnes. De
ceux-ci, 753 se
rendent en France où se trouvent déjà environ 3
500 déportés dispersés
dans les
ports de Boulogne, St-Malo, Rochefort, Morlaix, Lorient,
Belle-Ile-en-Mer, Le Havre,
Cherbourg, La Rochelle et Bordeaux.

La France leur verse une pension et,
pendant
une vingtaine d’années, elle tente
de les relocaliser en Guyane Française, aux Îles malouines
(Îles
Falkland), à
Saint-Domingue, en Bretagne, à Belle-Île-en-Mer, au Poitou
et en Corse.
Cependant, ces
projets connaissent peu de succès. L’Amérique attire la
plus grande
part des déportés.
En 1763 par exemple, 100 Acadiens émigrent aux Îles
Saint-Pierre-et-Miquelon et en 1774,
d’autres acceptent l’invitation de marchands-pêcheurs jersiais et
deviennent employés
dans leur entreprise dans le Golfe Saint-Laurent. La vague
d’émigration
la plus
importante a lieu en 1785 quand l’Espagne, qui cherche à
renforcer sa
position en
Louisiane, y amène 1600 Acadiens.

En 1763, la guerre cesse entre la France
et
l’Angleterre, mettant ainsi un terme
aux déportations. En huit ans environ 10,000 Acadiens ont
été déportés,
soit environ
75% de la population acadienne. Leurs terres sont désormais
occupées
par quelque 8,000
nouveaux colons ou Planters de la Nouvelle-Angleterre. À
l’époque,
l’expulsion d’une
communauté au lendemain d’une conquête n’était pas
une mesure
exceptionnelle. Ce qui
caractérise la Déportation acadienne, c’est que,
contrairement à
l’usage, les Acadiens
n’ont pas été relocalisés dans un territoire
français, mais plutôt en
milieu hostile,
soit dans des possessions anglaises. De plus, les Acadiens ont
été
déportés plus de
quarante ans après la conquête de l’Acadie et on leur a
confisqué leurs
biens et
propriétés, les laissant ainsi totalement démunis.

Les Acadiens qui ont échappé
à la
Déportation
ne connaissent pas un sort plus
enviable. Bien que la France leur offre peu de support militaire, la
population acadienne
et amérindienne continue de s’opposer aux Anglais.
Boishébert
dirige par centaines les
réfugiés sur les fleuves Saint-Jean et Miramichi, et l’on
retrouve
ainsi des îlots de
résistance acadienne, notamment le long de la baie des Chaleurs.

Acadiens et Amérindiens guerroient contre
les
Anglais et réussissent tant bien
que mal à les tenir en respect. Cachés dans les bois, les
réfugiés
vivent
misérablement. Aux prises avec la faim, le froid, la maladie et
l’épuisement, bon nombre
périssent. Toutefois, certains s’évadent au Canada
où ils s’installent,
entre autres,
dans la région des TroisRivières et en Gaspésie.

La prise de Louisbourg est lourde de
conséquences pour les différents
établissements acadiens. Les forces anglaises lancent des
expéditions
punitives et ces
incursions prennent souvent l’allure de chasses à l’homme.
À l’automne
1758, plus de 2,000 militaires dirigés par Monckton
se rendent au fleuve Saint-Jean. La population,
laissée à elle-même, fuit et remonte plus haut sur
le fleuve. Les
Britanniques ont
surestimé les forces françaises. L’année suivante,
la garnison est
alors réduite à
300 hommes et elle poursuit sa campagne de destruction jusqu’au village
de
Saint-Anne.

À la capitulation de Québec en 1759,
plusieurs
Acadiens se rendent aux
autorités et sont emprisonnés dans les forts anglais. En
1760, après
avoir livré
bataille contre l’expédition de Byron,
le poste de Restigouche capitule. L’année
suivante, le capitaine McKenzie attaque les hameaux de Richibouctou
à
Restigouche,
mettant un terme à la résistance acadienne.

—————————-

Source: « La
Déportation
des Acadiens »,
Publié en vertu de l’autorisation du ministère de
Approvisionnement et
Services Canada,
1986, environnement Canada (Parcs)

Daniel L. Robichaud:  CyberAcadie: L’histoire des
Acadiens.

http://www.cyberacadie.com/acadie_le_grand_derangement.htm

Peintures
: Toutes les
peintures sont de Claude
Picard,
Série: Déportation des Acadiens, Lieu historique de
Grand-Pré (N.-É.)
1- Le départ vers l’exil 1755 / Ships
take Acadians
into exil 1755
2- Le serment d’allégeance 1730 / Oath of
Allegiance
1730
3- L’ordre de Déportation 1755 / The
Deportation
Order 1755
4- On incendie leurs villages 1755
/ Settlements are
burned 1755

 
La
Guerre de Sept Ans (1756 à 1763)

La guerre de Sept Ans (1756-1763) est la
première guerre à l’échelle mondiale. Le conflit
oppose la
Grande-Bretagne, la Prusse et Hanovre à la France, à
l’Autriche, à la
Suède, à la Saxe, à la Russie et, finalement,
à l’Espagne. La
Grande-Bretagne refuse d’engager le gros de ses troupes sur le
continent, comptant sur des mercenaires prussiens et allemands pour
défendre l’électorat de Hanovre au nom de George II. Le
plan de guerre
de la Grande-Bretagne vise à détruire les forces navales
et la marine
de commerce de la France et à s’emparer de ses colonies, pour
ainsi
anéantir sa rivale commerciale. En Europe, la France s’est
engagée à
défendre l’Autriche, mais cette dernière ne peut rien
pour les colonies
françaises d’outre-mer.

 
Les hostilités éclatent en 1754 dans
la
vallée
de l’Ohio, lorsqu’un major de la milice de Virginie, George Washington,
se fait prendre dans une embuscade par un petit détachement
français.
Par la suite, il doit accepter les termes humiliants dictés par
le
commandant français envoyé pour lui demander des comptes.
Puis, les
Britanniques dépêchent en Amérique deux
régiments, sous les ordres du
major général Edward Braddock. D’autres troupes sont
levées dans les
colonies et une attaque sur quatre fronts se prépare contre les
Français au Fort Beauséjour, à la frontière
de la Nouvelle-Écosse,
contre leurs forts du lac Champlain et du Niagara et, enfin, contre le
fort Duquesne, sur l’Ohio.
 
Découvrant ces préparatifs, les
Français
ordonnent l’envoi de six bataillons sous le commandement du baron
Armand Dieskau pour renforcer la défense de Louisbourg et du
Canada.
Les Britanniques enjoignent alors le vice-amiral Edward Boscawen de
partir avec son escadrille pour intercepter et capturer le convoi
français, même si la guerre n’est pas encore déclarée. Il ne peut
saisir que deux
navires. Les
Britanniques connaissent encore moins de succès sur terre.
L’armée
britannique qui fait route vers le lac Champlain est
arrêtée par les
Français près du lac George, mais Dieskau est
blessé et fait
prisonnier. L’assaut projeté contre Niagara échoue
à cause d’erreurs de
tactique, et l’armée de 1500 hommes de Braddock est
défaite par un
petit détachement de Français et d’Amérindiens.
Les Britanniques ne
connaissent la victoire qu’en Acadie, où ils réussissent
à prendre le
fort Beauséjour et sa petite garnison. Les colons acadiens sont
ensuite
rassemblés par les troupes de la Nouvelle-Angleterre et
déportés.
 
En avril 1756, de nouvelles troupes
françaises
arrivent au Canada sous le commandement du marquis de Montcalm. Le mois
suivant, la Grande-Bretagne déclare la guerre. La
stratégie du
commandant en chef et gouverneur général, le marquis de
Vaudreuil,
consiste à maintenir les Britanniques sur la défensive et
le plus loin
possible des établissements des colons canadiens. Vaudreuil
prend les
forts anglais d’Oswego sur le lac Ontario et, grâce à
cette victoire,
étend son emprise sur les Grands Lacs. Au même moment, des
détachements
d’Amérindiens et de Canadiens ravagent les établissements
américains
près des frontières. Les Américains ne peuvent
contrer ces attaques et
les Britanniques doivent envoyer plus de 23 000 soldats en renfort aux
colonies et engager presque toute leur marine dans le blocus des ports
français. Le but des Français est d’immobiliser
d’importantes troupes
anglaises, tout en ne déployant qu’une petite armée
alliée aux
Canadiens et aux Amérindiens; les Français comptent ainsi
protéger des
attaques leurs colonies les plus importantes.
 

En août 1757, les Français prennent
d’assaut
le fort William Henry sur le lac George. L’année suivante le
major
général James Abercromby, à la tête d’une
armée de plus de 15 000
britanniques et américains, subit une cuisante défaite au
fort Carillon
(Ticonderoga) aux mains de Montcalm et de ses 3 500 hommes. Mais pour
les Français, la chance tourne. Sur le lac Ontario, le Fort
Frontenac
(Kingston, Ontario) est détruit en août 1758 avec les
approvisionnements destinés aux postes de l’ouest. Ailleurs,
Louisbourg
et la Guadeloupe tombent aux mains des Britanniques. Dans la
région de
l’Ohio, les Amérindiens, alliés des Français,
concluent une paix
séparée avec les Britanniques, obligeant ainsi les
Français à
abandonner le fort Duquesne. Des navires de ravitaillement parviennent
à Québec tous les ans, mais la France n’envoie presque
plus de troupes
de renfort. Les Français espèrent qu’une invasion de la
Grande-Bretagne
forcera les Britanniques à négocier.

 
En 1759, deux armées britanniques marchent
sur
le Canada, tandis qu’une troisième s’empare de Niagara. Le major général James Wolfe, de la
marine royale,
arrive à Québec
avec 9 000 hommes; pendant ce temps, le général Jeffery
Amerst avance
sur le lac Champlain jusqu’à Crown Point. Après un
été de manoeuvres
infructueuses, Wolfe force Montcalm à livrer bataille aux portes
de
Québec, le 13 septembre. Cet affrontement se solde par
l’écrasante
défaite française de la Bataille des plaines d’Abraham.
La ville se
rend quelques jours plus tard. Le chevalier de Lévis prend le
commandement des troupes françaises et, en avril de
l’année suivante,
réussit à écraser l’armée britannique sur
les mêmes champs de bataille.
Le 16 mai, Lévis doit lever le siège de la ville à
l’arrivée de
frégates anglaises, ce qui anéantit tout espoir de
renforts français.
L’armée française bat en retraite vers Montréal,
et doit capituler en
faveur d’Amherst, le 8 septembre 1760. Les troupes britanniques
deviennent ainsi libres de servir ailleurs. En 1762, la Martinique
tombe aux mains des Britanniques et seule l’intervention de l’Espagne
permet à la France de sauver ses autres îles des Antilles.
 
La France et l’Espagne organisent une
expédition de grande envergure en vue d’envahir l’Angleterre,
mais les
victoires de la marine britannique à Lagos, au Portugal, en
août, et à
la baie de Quiberon, en France, en novembre 1759, mettent fin à
ce
projet. Cependant, la Grande-Bretagne, épuisée par la
guerre, croule
sous une dette nationale énorme. Le ministre de la Guerre,
William
Pitt, est démis de ses fonctions en 1761 par le nouveau roi,
George
III, et des pourparlers de paix sont amorcés.
 

Le premier ministre français, le duc de
Choiseul, est décidé à récupérer la
Martinique et la Guadeloupe et à
conserver un centre d’opérations pour la pêche sur les
Grands Bancs de
Terre-Neuve. Il désire également prendre possession de
l’Ile du
Cap-Breton, mais doit se contenter de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Choiseul est prêt à céder le Canada à la
Grande-Bretagne, convaincu que
les colonies américaines, n’ayant plus besoin de la protection
de
l’armée britannique, déclareront rapidement leur
indépendance. Pour la
France, la perte du Canada n’est rien en comparaison de ce que serait
la perte des colonies américaines pour la Grande-Bretagne. Le
roi
d’Espagne s’entête, et pour le forcer à signer la paix, la
France lui
cède le vaste territoire de la Louisiane pour compenser la perte
de la
Floride.<>

Malgré une certaine opposition en
Grande-Bretagne de la part de ceux qui prévoient ce que Choiseul
a
prédit en privé, c’est la Guadeloupe, et non le Canada,
qui est rendue
à la France par le Traité de Paris (1763). Douze ans plus
tard, les
colonies américaines se soulèvent contre la
Grande-Bretagne. Ironie du
sort, ce n’est que grâce au soutien de l’armée
française qu’elles
pourront accéder à l’indépendance.

Sources
: L’Encyclopédie
canadienne,

Fondation Historica du Canada. Auteurs JOHN G. REID, ALLAN GREER - 
Daniel L. Robichaud: 
CyberAcadie: L’histoire des Acadiens  http://www.cyberacadie.com/acadie_guerre_de_sept_ans.htm  

 Manifeste
de beaubassin

( publier le 25
octobre
2002
dans l’Acadie-Nouvelle ) 

27
octobre 1755 : Départ de Beaubassin des premiers navires.
NOUS, ACADIENS ET ACADIENNES,
SOMMES LES
SURVIVANTS D’UN GÉNOCIDE. Un génocide se
définit comme étant
 » la destruction systématique d’un peuple ou d’un groupe
ethnique « ;
cette définition reflète tout à fait les
événements de 1755, car
l’intention des Britanniques à l’époque était bel
et bien de détruire
un peuple et sa culture. Les Acadiens et les Acadiennes ont
été
chassé.e.s, dépossédé.e.s,
affamé.e.s et tué.e.s ; leurs récoltes et
leurs maisons ont été brûlées et leur
bétail volé ou tué. De plus, pour
s’assurer de la disparition des Acadiens et Acadiennes en tant que
peuple, les Britanniques ont pris soin de les répartir
systématiquement
en petits groupes pour les forcer à se disperser dans les treize
colonies anglo-américaines, tout en leur refusant le droit de se
déplacer. Ils faisaient ainsi éclater une
société basée sur la famille
et forçaient l’assimilation des Acadiens et des Acadiennes aux
anglophones des autres colonies britanniques du continent. À
la lumière de tous ces faits, il est clair que les
autorités
britanniques ont été les responsables d’un
génocide.
——
La
moitié de notre peuple
a
perdu la
vie en raison des conséquences directes ou indirectes de cet
exil
imposé par les Britanniques. Ainsi, sur une population
estimée
entre 15 000 à 18 000 personnes, – 7 500 à 9 000
individus – en
majorité les plus faibles, des enfants – ont perdu la vie.
Divers
facteurs expliquent ce taux élevé de décès
: l’entassement des gens sur
les navires (où la nourriture et l’eau étaient
insuffisantes), les
épidémies causées par l’insalubrité des
conditions de voyage, le
meurtre de sang froid de nombreux Acadiens et Acadiennes, ainsi que
l’ordre donné par Lawrence 1
d’affamer
les Acadiens et les
Acadiennes
caché.e.s dans les bois. La perte de nos ancêtres a donc
été immense :
on les a dépossédés de leurs terres fertiles, de
leurs biens, de leurs
possessions et ils ont dû subir l’éclatement de leur
société, la
désintégration de leur culture, ainsi que des pertes
énormes en vies
humaines. Les Britanniques se sont servis d’un terme banal en
nommant ce crime  » déportation « . Nous avons
été complices de
cette distorsion des faits en utilisant nos propres expressions dans le
but d’atténuer notre tragédie, c’est-à-dire en
utilisant le
qualificatif de  » Grand Dérangement « .
——

Note
: 1 « Si
les moyens de
douceur ne réussissent pas, vous aurez recours aux mesures les
plus
énergiques pour les embarquer et pour enlever à ceux qui
prendront la
fuite, toute possibilité de se mettre à l’abri, en
brûlant leurs
maisons et en détruisant dans le pays tout ce qui pourrait leur
servir
de subsistance (…) » Lettre de Lawrence à Winslow, août
1755.

De
leur côté, les
vainqueurs
tentent de
redéfinir leur propre histoire dans le but de se justifier
auprès des
nouvelles générations. Ils essaient
également de nous
contraindre, nous, les descendants des victimes, à accepter
cette
réécriture de l’histoire en menaçant des plus
grandes sanctions ceux
qui oseraient dire la vérité. 2
Cette menace de
sanctions a
été
suffisante pour générer, au sein de notre peuple, un
silence qui dure
depuis plus de 250 ans. Jusqu’à ce jour, les écoles
n’offrent qu’un
récit très limité de notre histoire, et ce, par  »
respect  » envers le
peuple vainqueur. Ainsi, nous ne parlons pas de l’horreur d’un  »
génocide « , mais bien de  » déportation « . Les livres les
plus audacieux
qualifient l’événement de  » nettoyage ethnique « .

Note
: 2 Pour ne donner qu’un exemple parmi
plusieurs
autres, citons la campagne de refrancisation lancée à
Moncton en 1934
par certains membres de l’Assomption. Ces derniers avaient écrit
des
lettres incitant la population acadienne à demander des services
en
français dans les magasins. En réponse, les anglophones
de Moncton ont
immédiatement commencé à boycotter les commerce
appartenant à des
Acadiens. Devant cet état des choses, les Acadiens ont
abandonné la
lutte.

Quel est donc l’effet
de
ces mensonges sur
l’évolution de notre peuple ? Pour nous,
soussigné.e.s, la
conséquence est évidente : nous vivons une perte
de contact
avec notre histoire d’avant 1755, c’est-à-dire que
nous avons
été forcés de nier, de façon collective,
les éléments tragiques de la
période allant de 1755 à 1763. Nous pouvons affirmer que
le peuple
acadien souffre en quelque sorte d’amnésie collective : nous ne
fêtons
pas nos héros et nos héroïnes, nous ne soulignons
pas les réalisations
importantes que le peuple acadien a faites comme colonisateur. Nous
n’insistons pas non plus sur le succès de l’alliance et de
l’amitié
entre le peuple mi’kmaq et le peuple acadien, amitié qui a
survécu à
tous les fléaux des conquêtes et que seuls les actes
meurtriers commis
par les autorités britanniques ont pu rompre. Les Mi’kmaqs et
les
Acadiens avaient édifié une culture née de la
symbiose entre les deux
peuples, culture qui se définissait en dehors de la tradition
monarchiste et qui prenait place dans un contexte solidaire et
égalitaire.
——

L’image réelle
de
l’Acadie
d’avant 1755 a
malheureusement été remplacée par l’image
fabuliste d’Évangéline. Ce
personnage fictif, créé par Longfellow, confirme l’image
d’un peuple
conquis. Évangéline n’est pas un récit
héroïque, mais bien un récit
dépeignant un peuple soumis et victimisé, et c’est cette
image que nous
cultivons jusqu’à ce jour. Comment expliquer autrement que la
seule
université acadienne porte le nom de l’un des responsables les
plus
sanglants de la Déportation, soit Robert Monckton? Pourquoi
n’existe-t-il pas de monument commémoratif aux 7 500 à 9
000 morts de
la Déportation ? Ces faits ne s’expliquent que par
l’amnésie collective
dont est atteint le peuple acadien.

——

En ne reconnaissant pas
l’importance de la
Déportation et de ses conséquences, nous ne pouvons nous
approprier
comme il se doit l’histoire de notre peuple. Cette conscience
de notre histoire est essentielle, car sans elle, il nous est
impossible de vivre notre présent et d’anticiper notre avenir.
La
mémoire collective du peuple acadien ne peut être
retrouvée qu’à
condition que les Acadiens et les Acadiennes deviennent intimement
conscients de l’horreur des événements qui ont
ensanglanté les côtes de
l’Acadie. La perte de nos ancêtres a été immense :
ils ont été
dépossédés de leurs terres fertiles, de leurs
biens, de leurs
possessions et ont dû subir l’éclatement de leur
société, la
désintégration de leur culture, ainsi que des pertes
énormes en vies
humaines.
 Pour tenter de
justifier ses actions, les
autorités britanniques sont allées jusqu’à
prétendre que les Acadiens
avaient refusé de prêter le serment d’allégeance
à la Couronne. La
lecture des documents de l’époque démontre en fait que
cela n’était
qu’un prétexte à la Déportation. Dans un premier
temps, le peuple
acadien avait déjà prêté serment
d’allégeance. D’autre part, Lawrence
avait clairement indiqué son désir de déporter les
Acadiens. Dans une
lettre datée du 9 août 1755, il affirme:  » I will
propose to them
the Oath of Allegiance a last time. If they refuse, we will have in
that refusal a pretext for the expulsion. If they accept, I will refuse
them the Oath, by applying to them the decree which prohibits from
taking the Oath all persons who have once refused to take it. IN BOTH
CASES I SHALL DEPORT THEM « .
3

Note
: 3
« Je leur proposerai le serment
d’allégeance
une
dernière
fois. S’ils refusent, nous aurons dans ce refus un prétexte pour
les
expulser. S’ils acceptent, je leur refuserai le serment, en appliquant
le décret qui interdit à quiconque ayant
déjà refusé de prêter serment
d’allégeance de le prêter. DANS LES DEUX CAS JE
LES
DÉPORTERAI ». (Note : traduction des auteurs).

 Les raisons qui
expliquent la déportation
sont multiples et complexes. Mais deux motifs clairs sont
invoqués par
les Britanniques pour justifier la Déportation. Tout d’abord, la
correspondance de Lawrence démontre explicitement que la
Déportation a
été une mesure prise contre un peuple que les
Britanniques voyaient
comme une dangereuse menace à la sécurité du
territoire de la
Nouvelle-Écosse, du fait de l’alliance du peuple acadien avec
les
Mi’kmaqs, sa proximité avec le Canada et ses liens
étroits avec la
France. Un autre motif des Britanniques pour déporter le peuple
acadien
a été l’appropriation illégale des terres fertiles
que possédaient nos
ancêtres :  » Si nous réussissons à les
expulser, cet exploit sera
le plus grand qu’aient accompli les Anglais en Amérique, car au
dire de
tous, dans la partie de la province que ces Français habitent,
se
trouvent les meilleures terres du monde. Nous pourrions ensuite mettre
à leur place des bons fermiers anglais, et nous verrions
bientôt une
abondance de produits agricoles dans cette province.  »
4

Note
: 4 Lettre datée du 9 août
1755, publiée
dans la
New-York Gazette le 25 du même mois et dans la Pennsylvania
Gazette le
4 septembre.

 Mais, ce qui nous
permet de réclamer
justice, c’est que la Déportation allait à l’encontre
même de la loi
britannique. Il est indéniable que la Déportation
était illégale et ce,
pour les raisons suivantes :

1)
En 1755, les Acadien.ne.s étaient des sujets britanniques. En
temps de
paix, la loi stipule qu’on ne peut porter atteinte à leurs
droits.
2) Toujours du point de vue de la loi
britannique, le vol des terres
acadiennes constitue aussi un acte illégal.
3) Suite aux ordres de Lawrence, de
nombreux Acadiens ont subi
d’importants sévices et d’autres ont été
exécutés .
5
4)
Suite à la rébellion armée d’une douzaine
d’Acadiens, les
Britanniques ont décidé de punir tout un peuple innocent,
femmes et
enfants compris, faisant ainsi de tous les Acadiens et Acadiennes un
peuple de rebelles. Or, selon la loi de l’époque, seule la
personne
trouvée coupable d’un crime devait être punie pour ce
crime.

Note
: 5 Lawrence offrait
l’équivalent de
30 $
pour un
scalp d’Acadien et 25 $ pour un scalp d’Acadienne, d’enfant acadien ou
de Mi’kmaq.

Pour nous, il est
clair
que la Déportation a
été le résultat d’une action
délibérée à l’encontre de toute convention
politique et morale de l’époque et dont l’intention était
de punir un
peuple qui était différent. Il est maintenant temps que
le silence et
les mensonges sur le génocide acadien cessent. Comme il nous est
impossible de fonder notre essor sur l’image fictive
d’Évangéline, il
est de première importance de revendiquer notre histoire dans sa
totalité. Il nous faut donc redéfinir en termes
concrets les
événements de 1755 à 1763. Il faut
reconnaître que le peuple acadien a
été victime d’un crime contre l’humanité et
reconnaître en conséquence
la culpabilité des responsables de la Déportation tout en
prenant
conscience des pertes culturelles, matérielles et humaines que
nos
ancêtres ont subies.
Depuis 1960, l’Acadie a connu
un
essor économique et
culturel et a vu la reconnaissance de ses droits linguistiques par
l’État canadien. L’essor du peuple acadien s’est
accompagné du
développement des relations entre Acadien.ne.s et Anglophones;
ces
relations se veulent dorénavant égalitaires et se fondent
sur la
reconnaissance des richesses et de leurs contributions
réciproques.
S’agirait-il alors, comme le proposent certains, de cultiver ces
relations en faisant abstraction de la Déportation? Il est
évident
qu’adopter une telle voie, c’est opter pour des relations sans conflit.
Pourtant, continuer dans cette voie c’est aussi entretenir l’image du
peuple acadien tel qu’il est symbolisé par l’image
d’Évangéline. En
procédant ainsi, nous ne serons jamais capables de nous
percevoir comme
des citoyen.ne.s à part entière. Nous n’avons
donc d’autres
choix que de condamner les responsables de la Déportation et de
nous
réapproprier notre histoire en commémorant les
épreuves de nos
ancêtres. Ce n’est qu’à ces conditions que nous pourrons
assumer un
statut véritablement égal au sein de notre pays
multiculturel et
multiethnique.
Il faut toutefois rappeler
que
les Anglophones
- d’origine écossaise, irlandaise, anglaise ou autre – ont eux
aussi eu
à subir ce mensonge historique. Contre leur
gré, ils ont été
placés dans un système de relations inégales avec
le peuple acadien,
système qui a altéré le meilleur des deux cultures
respectives.
L’odieuse époque du maire Jones de Moncton n’est qu’un exemple
parmi
d’autres qui ont porté atteinte à l’honneur des
Anglophones des
provinces Maritimes. C’est pourquoi, nous croyons que seule la
réconciliation avec l’histoire traumatisante qui uni les
communautés
acadiennes, anglophones et amérindiennes permettra l’essor de
ces trois
communautés.

Nous,
soussigné.e.s, déclarons donc :

a)  Que la période
d’assujettissement
et d’exil du peuple acadien est terminée et que nous sommes
dorénavant
prêts à reprendre notre place pleine et entière au
sein dela famille
canadienne.
Nous, soussigné.e.s, demandons :

a)  au peuple acadien de se
réapproprier son histoire
b)  que la mémoire des victimes
de la
Déportation (entre 7 500 et 9 000 morts) soit honorée;
c)  que les responsables de la
Déportation soient déclarés coupables de crime
contre l’humanité;
d)  aux peuples anglophone et mi’kmaq
de participer à cette redécouverte de notre histoire
commune, et
e)  que les peuples acadiens et
anglophones reconnaissent les actes génocidaires
perpétrés par les
Britanniques de 1755 contre le peuple mi’kmaq.

Signataires:

Marie-Claire
DUGAS
Charles EMMRYS
Isabelle DUGAS
Donatien GAUDET
Mario TOUSSAINT
Source: Daniel
L. Robichaud: CaberAcadie: L’histoire des Acadiens.

http://www.cyberacadie.com/acadie_manifest_de_beaubassin.htm

Chronologie
de
1740 à 1763

(
Chronologie sommaire
de l’Acadie 1740 à 1763)

 

La
tension monte
 
1740
- Des forces de la Nouvelle-Angleterre attaquent et s’emparent de la
forteresse
de Louisbourg, dans l’Île Royale.
 
1745- L’agressivité des Français
à
l’été de
1744, le mécontentement des troupes ainsi que les lacunes quant
à la
défense de la forteresse de Louisbourg, que soulèvent
certains
rapports, ont vraisemblablement influencé William
Shirley, gouverneur du Massachusetts, à recommander
l’attaque de
Louisbourg. C’est en mai que la Nouvelle-Angleterre, avec le
Massachusetts en tête, décide de lever contre Louisbourg
une armée de
plus de 4 000 hommes, bloquant la forteresse et l’assiégeant
pendant 49
jours avant d’en prendre possession. La Grande-Bretagne encouragea
cette expédition en offrant son appui naval à
l’expédition, tout comme
New York, le New Jersey et la Pennsylvanie, qui lui fournissent de
l’argent, des armes et des provisions. Les Anglais vont occuper
Louisbourg pendant les quatre années suivantes. Les
Français ripostent
en détruisant Saratoga dans la vallée de l’Hudson.

1748
- L’Angleterre et la France signent la Paix d’Aix-la-Chapelle, mettant
fin à la guerre de Succession d’Autriche. En échange de
Madras, conquis
en Inde par les Français, et de places stratégiques en
Europe, sur la
frontière des Pays-Bas, les Anglais restituent Louisbourg
à la France
ainsi que l’île St-Jean.
 
1749
- Le colonel Edward
Cornwallis succède à Philipps
comme gouverneur de
la Nouvelle-Écosse et choisit Halifax comme nouvelle capitale
pour
contrer Louisbourg.
 
1750
- Construction du fort Lawrence par les Anglais sur l’isthme de
Chignectou. En 1751, les
Français construisent celui de Beauséjour en face de
celui de Gaspareau
à la baie Verte.
On estime à 10000 le nombre d’Acadiens habitant dans la
région du
Canada atlantique actuelle. La moitié vivent dans la
région du bassin
des Mines. Ils ont déjà endigué 13000 acres de
terre.
 
1753
- Charles
Lawrence est nommé lieutenant-gouverneur de la
Nouvelle-Écosse.

 Le
Grand
Dérangement

(Pour
en savoir plus sur le
Grand Dérangement ou
« Déportation des Acadiens »,
j’ai créé une page
qui traite
de ce sujet et plus, car c’est un des évènements majeurs
de l’histoire
des Acadiens…)

1755- Les
Britanniques décident d’en finir avec la présence
acadienne en
Nouvelle-Écosse. Les troupes britanniques menées par le
lieutenant Robert
Monkton s’emparent d’abord du Fort Beauséjour.

    
- Le Colonel
Charles
Lawrence fait
rassembler les habitants de l’Acadie pour les aviser de leur expulsion.
Les Acadiens sont embarqués sur des navires à destination
des colonies
britanniques de la côte atlantique où ils seront
gardés et
éventuellement
dispersés. Quelque 6 000 à 7 000 Acadiens sur 13 000
seront expulsés en 1755. Quelques milliers d’autres subiront le
même
sort au cours des années suivantes. À l’aide de leurs
alliés Micmacs,
certains Acadiens fuient dans les bois; d’autres, sous la direction de
Beausoleil,
poursuivent la lutte et mènent une série
d’opérations de guérilla
contre les Britanniques.

1756-1760
- Le conflit gagne l’Europe et la Guerre de Sept ans
débute en
1756. Malgré leur infériorité numérique et
l’absence d’un appui de
la Métropole qui concentre ses forces en Europe, les
Français
remportent des victoires pendant les deux premières
années du conflit.
Louisbourg et deux forts à l’ouest tombent en 1758, puis les
Anglais
remportent la bataille des Plaines d’Abraham, et prennent le
contrôle de Québec en 1759.

 

1758
- Prise de Louisbourg et déportation en France des Acadiens du
Cap-Breton et de l’île
Saint-Jean. Chasse à l’homme, aux Acadiens, pour les forcer
à se rendre
et leur faire
prendre le chemin de l’exil. À peu près, la moitié
des 15000 à 16000
d’Acadiens sont
morts de maladie, de noyade, de misère, et de faim.

 

1760- Ce qui reste de
l’armée
française se réfugie à Montréal sous les
ordres du gouverneur Rigaud de Vaudreuil.
Au printemps, le commandant François de Lévis, s’empare
de Sainte-Foy
et espère recevoir du secours de la France une fois le fleuve
dégelé.
Au contraire, les premiers bateaux à atteindre Québec
sont anglais et
Lévis doit retourner à Montréal. À la fin
de l’été, trois armées
anglaises assiègent la ville. Vaudreuil
capitule le 18 septembre 1760. La Nouvelle-France n’existe plus.

    
- Le dernier affrontement entre
Français et
Britanniques en Acadie prend place à l’été,
à Ristigouche, dans la baie
des Chaleurs, et met en scène des flottilles anglaises et
françaises.
Remportant ces derniers combats, les Britanniques s’approprient le
Canada tout entier.

1762- Un contingent de
1 300
Acadiens est envoyé à Boston. Ce sont les derniers
Acadiens qui
subissent la Déportation. Le Massachusetts refusant toutefois de
les
accueillir, ils sont ramenés à Halifax et détenus
comme prisonniers de
guerre.

1763- Le traité
de Paris, signé le
10 février, met fin à la guerre de Sept Ans. La France
cède
officiellement le Canada à la Grande-Bretagne. Le vaste empire
français
en Amérique du Nord se réduit dorénavant aux
seules îles de
Saint-Pierre et Miquelon, au large de Terre-Neuve.

 
Source: CDROM
L’Acadie , Le maître
Guillaume
Daniel
L. Robichaud: CyberAcadie: L’histoire des Acadiens  http://www.cyberacadie.com/chronologie_1740_1763.htm
Source:
Extrait de L’Acadie-Nouvelle, par Père
Anselme Chiasson
Peinture
1: Le paradis
terrestre 1635-1755,
Peinture
de Claude Picard, Série: Déportation des Acadiens, Lieu
historique
national de
Grand-Pré (N.-É.)
Peinture
2: Déprotation des
Acadiens
1755,
Peinture
d’Edna Hébert.

Histoire
acadienne moderne 
(Extrait de la Facharbeit de Cedric Reimers)
A cause de la
déportation de 1756, les Acadiens sont dispersés aux
États-Unis, au Canada, en
France, en Angleterre et dans leurs
colonies. Mais
ils n’oublient pas leurs racines et quoique sans patrie, leurs
descendants   persistent à
s’appeler Acadiens pendant des
siècles. Eux aussi pourraient adopter la devise du Québec
« Je me
souviens » …
Grâce au poème
« Évangéline »,
publié en 1847 par l’Américain Henry-Wadsworth Longfellow, le grand public est confronté avec
l’histoire fictive
d’une Acadienne et avec la destinée des Acadiens en
général et le poème est un
grand succès en Amérique et en Europe[1].

En 1881 il y a une
première
convention d’Acadiens, et en 1884, lors d’une autre, on choisit un
drapeau
acadien. C’est le tricolore étoilé qui rappelle aux
Acadiens que « non
seulement (…) ses enfants sont français, mais qu’ils sont aussi
Acadiens » [2].

Dans notre siècle
la bataille des
Acadiens connaît une renaissance. En 1975 Michel Fugain
écrit la chanson
« Les Acadiens »[3].
Elle thématise la fierté incassable des Acadiens
d’aujourd’hui, et est connue dans le monde
entier.
En 1980, on peut lire
dans la
Nouvelliste de Trois-Rivières qu’ « Aujourd’hui, on
estime à 6,5 millions
le nombre de descendants de ces Acadiens
déportés. »[4]

A la fin du 20e
siècle
les Acadiens ont pu fêter de grandes victoires: en 1996, pour la
première fois
un Acadien est élu
gouverneur général du
Canada[5]
et en 1999 « l’Acadie », en coopération
avec le Nouveau-Brunswick et
le Canada, organise le 8e Sommet de la Francophonie à
Moncton[6].

Le
seul motif d’amertume est l’assimilation des Cajuns, des descendants
des
Acadiens qui se sont réfugiés en Louisiane ou qui y ont
déménagé en
espérant  retrouver de la famille
après avoir
été
renvoyés en France lors
du « Grand Dérangement ».
Leur
caractère francophone disparaît de
plus en plus et bientôt
personne ne saura plus parler
français en
Louisiane.

[1] http://etoile.acadie.net/evangi.htm,
page
consultée le 22 mars 2001
[2] http://www3.nb.sympatico.ca/gagodin/Acadie.htm, page consultée le 9 mars
2001
[3] http://www.paroles.net/text/A/MicFug15.htm,
page consultée le 11 mars 2001
[4] http://site.voila.fr/vincent.thibodeau/page4.html,
page consultée le 11 mars 2001
[5] http://etoile.acadie.net/contemporain.htm,
page consultée le 22 mars 2001
[6]
ibidem

Liens sur
l’Acadie:© http://www.pomverte.com/Acadinfo.htm

2. CyberAcadie :
L’histoire des Acadiens
3. Musée
Acadien :
Histoire Acadienne (1604 – 1755)
4. Musée
Acadien : L’histoire (1534
- 2000)
5. Les
collections numérisées du Canada : L’odyssée acadienne
6. Université
de Moncton : Folklore -
biographie, faits, chansons, contes et
croyances populaires
7. Guide de
l’Acadie : Chronologie de
l’histoire (1534 – 2005)
8. Université
de L’Acadie :
Résumé de l’histoire (1603 – 2002)
9. Les
collections numérisées du Canada : Île Sainte-Croix – La vie
avant la colonisation, les débuts de la colonisation,
     histoire,
lieux historiques et cartes
géographiques
10. Musée
acadien du Québec à Bonaventure : L’histoire
11. Musée
acadien et archives :
L’histoire
12. L’Acadie :
L’histoire
13. Acadiens
de Boulogne :
L’histoire
14. Acadie
2003-2005 : L’histoire
15. Francophonies
canadiennes : Trame
chronologique, profils biographiques et
constellations
16. Fenêtre
virtuelle sur l’histoire acadienne :
L’histoire acadienne
(1534 – 1997)
17. Les
origines Françaises des premières familles Acadiennes : Petit
rappel historique (1524 – 1755)
18. Jean
Trudel :
Bref description des évènements (1534 – 1982)
19. Jean
Trudel :
Bref description des évènements (1500 – 1999)
20. Jean-Claude
Béliveau : Un peu
d’histoire
21. Village
Historique Acadien : Un peu
d’histoire
22. Site
Rivard : Un peu d’histoire
23. Musée
Nouvelle-Écosse : La
colonisation
24. Musée
Nouvelle-Écosse :
L’agriculture
25. Musée
Nouvelle-Écosse : La
maison
26. Archives
virtuelles des Acadiens :
La culture, l’histoire et la
géographie
27. Les
origines Françaises des premières familles Acadiennes :
Principaux personnages
28. Collège
del’Acadie : Jean
Mandé Sigogne
29. Jean-Claude
Béliveau :
Expressions Acadiennes et Québécoises
30. Musée
acadien et archives : Vieux
mots acadiens
31. Culture
& Communication :
Louisiane française (1682 – 1803)
32. Bibliothèque
et Archives Canada :
Pourquoi les Acadiens ont été forcés de
quitter la Nouvelle-Écosse ?

Extraits de
poésie

***************************
L’Acadie

http://www.espace-francophone.com/cadeaux-virtuels/1998_1999/pommier.html

Ce pays,
c’est le
soleil au coucher, qui
peint la mer en orangé.
C’est
une étoile dorée, suspendue à un ciel bleu,
blanc,
rouge de fierté.
C’est
un paysage de beauté, portant la paix dans
le monde
effarouché.
Ce
pays c’est un océan de fraîcheur, qui nourrit
de ses
entrailles les pêcheurs.
C’est
un sentiment de bonheur, qui nous berce avec
ardeur.

C’est
une culture de chaleur, qui se vit à toute
heure.
C’est
un sourire qui demeure, qui fait vibrer nos
coeurs.

Ce
pays, c’est un peuple qui chante, qui s’accorde
avec le
parfum des plantes.
C’est
un violon qui m’enchante de sa musique
charmante.

C’est
une
farandole vibrante d’hommes et de femmes de la mer montante.
C’est
la tendresse apaisante, que l’ont ressent à
travers de
ses mains caressantes.
Ce
pays, c’est un souvenir que je chéris, qui ne
quittera
jamais mes nuits.
C’est
la beauté de la vie, qui nous fait craindre l’ennui.

C’est
le souvenir de mes amis, qui m’accueillent avec leurs sourires jolis.
Ce pays, vous qui me lisez, je
vous le dis,
porteur de mes
amours qu’il fût choisit,

…c’est
l’ACADIE…

Acadie
Tiré
de Raymond (Guy)
LeBlanc, Cri
de terre. Poèmes, Moncton, Éditions d’Acadie,
1992, p.53.
S’il
m’est difficile de vous vivre en
mon tangage d’horizon
Gens de mon pays
chimère sans
frontières et sans avenirs
C’est que je suis
trop
petit pour
vous faire renaître en moi
Hommes sans visages
femmes
sans seins
Enfants sans langage
S’il m’est
douloureux de
vous tendre
mes deux mains
Pour vous rejoindre
vous
toucher où
que vous soyez
C’est que vous
êtes
trop loin et
dispersés partout
Gens de mon pays
dans
l’absence de
vous-mêmes
S’il m’est
impossible
à cette heure
de danser avec vous
Au rythme d’une
gigue
à vos chansons
de folklore
Gens de mon pays ne
m’en
voulez pas
Je songe à
vos
illusions et à vos
rêves qu’on étouffe
S’il m’est
angoissant de
vous
regarder droit dans les yeux
Au cadran d’un
soleil
déplacé
divisant le jour
C’est que l’Acadie
vous
berce en ses
souvenirs
En ses ombres en sa
nuit
irréelle
symphonie
Gens de mon pays
Sans identité
Et sans vie

À
notre Acadie
Tiré
de N.-P. Landry, Poèmes
acadiens, Montréal, Fides, 1955, p. 17-18.
Amour
mystérieux
Du
pays des aïeux,
De
ta divine flamme,
Forge
et trempe notre
âme !
Ô
pays de douleurs
Qui
modela nos cœurs,
Pays
baigné de
larmes,
Meurtri
de mille alarmes,
Malgré
la trahison,
L’assaut
et la prison
Sois
fort dans ton
silence !
Va !
Marche !
Recommence !
Dans
un rayon divin,
Vers
Dieu, suis ton
chemin !
Acadie
indomptable,
Toujours
plus redoutable,
Ta
résurrection
Fait
l’admiration
Des
nations du monde
Que
ta foi soit
féconde !
Revenu
de l’Exil,
Vainqueur
de tout
péril,
Ton
peuple, de vaillance,
A
ton sol se fiance
Et
regarde venir,
Triomphant,
l’avenir.
Ô
terre
la plus belle,
Acadie
immortelle,
Sois
toujours, sous les
cieux,
Fidèle
à tes
aïeux !
Comme
la mer remonte,
Ta
jeunesse qui monte,
Sentant
battre son coeur,
D’une
brûlante ardeur,
Dira,
de ton histoire,
Le martyre et la
gloire !

ÉVANGELINE
Paroles
et musique:
Michel Conte
Album:
Plus grand que
les mots, 2003 Blue Sky Media BBC-001
Vidéo
Vidéo
2 Les étoiles
étaient dans le
ciel

Toi dans les bras de Gabriel
Il faisait beau,
c’était dimanche
Les cloches allaient
bientôt sonner
Et tu allais te marier
Dans ta première robe
blanche
L’automne était bien
commencé
Les troupeaux étaient
tous rentrés
Et parties toutes les
sarcelles
Et le soir au son du violon
Les filles et surtout les
garçons
T’auraient dit que tu
étais belle
Évangéline,
Évangéline

Mais les Anglais sont
arrivés
Dans l’église ils ont
enfermé
Tous les hommes de ton village
Et les femmes ont dû
passer
Avec les enfants qui
pleuraient
Toute la nuit sur le rivage
Au matin ils ont
embarqué
Gabriel sur un grand voilier
Sans un adieu, sans un sourire
Et toute seule sur le quai
Tu as essayé de prier
Mais tu n’avais plus rien
à dire
Évangéline,
Évangéline

Alors pendant plus de vingt
ans
Tu as recherché ton
amant
À travers toute
l’Amérique
Dans les plaines et les
vallons
Chaque vent murmurait son nom
Comme la plus jolie musique
Même si ton coeur
était mort
Ton amour grandissait plus
fort
Dans le souvenir et l’absence
Il était toutes tes
pensées
Et chaque jour il fleurissait
Dans le grand jardin du
silence
Évangéline,
Évangéline

Tu vécus dans le seul
désir
De soulager et de
guérir
Ceux qui souffraient plus que
toi-même
Tu appris qu’au bout des
chagrins
On trouve toujours un chemin
Qui mène à
celui qui nous aime
Ainsi un dimanche matin
Tu entendis dans le lointain
Les carillons de ton village
Et soudain alors tu compris
Que tes épreuves
étaient finies
Ainsi que le très long
voyage
Évangéline,
Évangéline

Devant toi était
étendu
Sur un grabat un inconnu
Un vieillard mourant de
faiblesse
Dans la lumière du
matin
Son visage sembla soudain
Prendre les traits de sa
jeunesse
Gabriel mourut dans tes bras
Sur sa bouche tu
déposas
Un baiser long comme ta vie
Il faut avoir beaucoup
aimé
Pour pouvoir encore trouver
La force de dire merci
Évangéline,
Évangéline

Il existe encore aujourd’hui
Des gens qui vivent dans ton
pays
Et qui de ton nom se
souviennent
Car l’océan parle de
toi
Les vents du sud portent ta
voix
De la forêt
jusqu’à la plaine
Ton nom c’est plus que
l’Acadie
Plus que l’espoir d’une patrie
Ton nom dépasse les
frontières
Ton nom, c’est le nom de tous
ceux
Qui, malgré qu’ils
soient malheureux
Croient en l’amour et qui
espèrent
Évangéline,
Évangéline
Évangéline,
Évangéline

Évangéline est
une chanson
qui fait vibrer une corde
sensible chez les Acadiens. C’est une histoire d’exil, d’espoir et
d’amour reprise par les plus grandes voix d’Acadie, dont Marie-Jo
Thériault, Rose-Marie Landry, Isabelle Roy et Annie Blanchard.

La chanson conte La déportation
réellement
vécue du peuple
ACADIEN, en 1755, de leur Acadie natale, du village de de
Grand-Pré
(Nouvelle-Écosse), et, plus précisément,
 cela conte l’histoire d’une
Acadienne, Évangéline, qui a toujours
recherché toute sa vie, par la
suite, son grand Amour, son Fiancé de toujours, Gabriel, et
qu’à la fin,
étant aux soins de malades dans un centre,
elle retrouve Gabriel et
le reconnaît, étendu dans ses bras, malade, juste avant
qu’il ne meure.

  Grand
Pré, 1994
Paroles et musiques :
Angèle Arsenault
Chanson en mp3
 
On
porte toujours en soi un peu de son pays
Et
moi je n’oublie pas que je suis d’Acadie
Si
mon histoire est triste, ce n’est pas votre faute
Mais
soyons des artistes, écrivons-en une autre
Qui
sera bien plus belle, beaucoup moins dramatique
Avec
des arcs-en-ciel, d’la danse et d’la musique
À
partir d’aujourd’hui, bâtissons l’avenir
En
gardant du passé nos plus beaux souvenirs
 
Grand
Pré, c’est là que tout a commencé
Grand
Pré, c’est là que nous avions
rêvé
Grand
Pré, de bâtir un monde nouveau
À
l’abri des tempêtes, au bord de l’eau
Grand
Pré, c’était un peu le paradis
Grand
Pré, les Indiens, c’étaient nos amis
Grand
Pré, à l’abri des arbres géants
Dans
le Bassin des Mines, à l’origine
Du
nouveau continent
 
Non,
ils sont pas venus, les soldats, c’est pas vrai
Car
dans la petite église, tous les hommes priaient
Les
femmes à la maison préparaient le fricot
Les
enfants dans les champs surveillaient les troupeaux
Non,
elle n’est pas venue, la si terrible guerre
Qui
déchire les familles et crée tant de
frontières
Si
c’est ça mon histoire, je refuse d’y croire
Je
préfère oublier ce qui est arrivé
 
Grand
Pré, tout un peuple qu’on a
déporté
Grand
Pré, une page d’histoire qu’on a
déchirée
Grand
Pré, les maisons, les fermes,
brûlées
Tout
c’qu’on avait bâti s’est effondré
Grand
Pré, où sont les Leblanc, les
Légères
Sont-ils
en Louisiane ou à Belle-Ile-en-Mer
Grand
Pré, comment faire pour garder l’espoir
Allons-nous
nous revoir, comment savoir

se trouve l’Acadie
 
Dans
les prisons de Londres et dans le port de Nantes
Pendant
de longues années, ils vécurent dans
l’attente
De
pouvoir retourner chez eux en Amérique
On
les a bien nommés, les piétons de
l’Atlantique
Ces
braves paysans qui venaient du Poitou
Du
Berri, d’la Touraine, d’la Bretagne, de l’Anjou
Ils
avaient tout quitté pour un peu d’liberté
On
les a condamnés à vivre en exilés
 
Grand
Pré, je ne veux pas vous faire pleurer
Grand
Pré, mais je ne peux pas oublier
Grand
Pré, que mes ancêtres étaient
Français
Et
tout ce qu’ils voulaient c’est vivre en paix
Grand
Pré, nous n’étions que quelques milliers
Grand
Pré, nous n’avons pas abandonné
Grand
Pré, aujourd’hui nous pouvons rêver
Trois
millions d’Acadiens et d’Acadiennes continuent
à chanter
 
Nous
avons survécu
Nous
sommes les invaincus
Nous
nous sommes relevés
Nous
avons triomphé
Nous
connaissons la guerre
La
faim et la misère
Mais
nous n’avons ni frontière
Ni
haine, ni regard en-arrière
Nous
marchons droit devant
Vers
le soleil levant
Fiers
de notre héritage
Parlant
notre langage
Marchant
à notre pas
Chantant
Alléluia
Enfants
de l’Acadie
Notre
histoire nous a grandis
Notre histoire n’est pas finie

Chronologie
historique

Géographiquement, 1′Acadie n
‘existe plus. Elle comprenait
les
trois provinces de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau-Brunswick et de
l’Ile-du-Prince-Edouard (Canada) et une partie du Maine (E.U.).
Les Acadiens existent,
eux, tant au
Canada que par leur descendance
en Louisiane et en France.
 
1524
Sous François
1er, le
navigateur florentin VERRAZZANO
explore ces
côtes du Nord de 1′Amérique, fréquentées de
longue date parles pécheurs
de morue et chasseurs de baleine.
Il est tellement
séduit qu’il donne à la
contrée le nom d’Arcadie,
par allusion au pays du bonheur de la Grèce antique.
Une autre
hypothèse fait provenir le mot Cadie d’une
déformation de
l’indien « Quoidie » désignant un lieu propice au campement.
G. Massignon, dans sa
thèse « Les Parlers français
d’Acadie », précise
que: « le terme l’Acadie, ou La Cadie, fut usité par la suite
pour
désigner le territoire connu aujourd’hui sous le nom de
Provinces
Maritimes du Canada. »
PREMIER ETABLISSEMENT

L’Acadie
fut la
première colonie que les Français
établirent sur le
continent Nord américain.

l604
Après son
exploration de la Baie
Française (Baie de
Fundy),
Samuel de Champlain repart en compagnie de Jean de Poutrincourt, sous
les ordres de Pierre de MONTS, lieutenant général du roi
Henri IV.
Ils abordent à La
Hève (N.E.) puis s’installent sur
l’île Ste-Croix,
dans la baie, avant de fonder Port-Royal (Annapolis).
1607
La colonie entretenait
avec les Indiens des rapports amicaux,
qui favorisaient le commerce des peaux, sa vocation première.
Jean de
POUTRINÇOURT, qui vient de succéder au sieur de Monts,
commence à
recruter mais se voit retirer le monopole de la traite, et les colons
rentrent en France.
Alors Champlain
établit à Ouébec la colonie
« laurentienne », c’est à
dire canadienne, au moment où les Anglais s’implantent sur les
cotes de
Virginie.
1613
Ces derniers occupent
Port-Royal,
repris l’année suivante,
quand
toutes les tentatives de Poutrincourt ont échouées. Son
fils, Charles
de BIENCOURT, prendra la relève trois ans plus tard, sans mieux
réussir
à peupler l’Acadie.
1628
Un de ses compagnons,
Charles de LA TOUR, qui s’est fait
l’héritier de l’entreprise accepte la concession de l’Acadie des
mains
du roi d’Angleterre, lequel s’est approprié tout le Nord de
l’Amérique.
De son côté
le cardinal de Richelieu fonde la Compagnie
de la
Nouvelle France, dite des Cent-Associés, pour coloniser le pays.
1632
L’Acadie est
rétrocédée à la France,
par
le traité de
St-Germain-en-Laye, « ainsi que tous les lieux occupés en
Nouvelle
France ».
Le roi Louis XIII, sous
l’impulsion du Cardinal et du R.P. Joseph,
mande au Vice-Amiral Isaac de RAZILLY « de fonder la colonie.
SECONDE NAISSANCE
C’est au cours de cette
seconde et véritable installation,
que
la région loudunaise est directement impliquée dans
l’histoire d’Acadie.
1632
Nommé
lieutenant-général et vice-roi de la
Nouvelle France, I.
de RAZILLY part avec S. de Champlain, le tourangeau Nicolas Denys et C.
deMenou d’Aulnay.
La « Gazette de France »
de Th. Renaudot s’en fait l’écho. Deux
exemplaires en photocopie sont exposés à la Maison de
l’Acadie:
Le premier nous informe
du départ « d’Auray, en Basse Bretagne
(Morbihan), du dit jour 16 juillet 1632″ de deux vaisseaux et d’un
troisième équipé à La Rochelle, pour
l’Acadie.
Le second, en date du 14
août, annonce leur arrivée
à Port-Royal en
même temps qu’il fait la promotion du pays, disant « qu’ils se
promettent (…) de faire bientôt envie aux autres de les
suivre ».
Les premiers voyages
amenèrent surtout des « engagés »,
recrutés
notamment en Bretagne, Touraine et Poitou, et chargés de
préparer les
installations pour la colonie agricole.
Ils se
répartirent autour de Port-Royal et de La Rêve,
qu’avait
fondé I.de Razilly et où il allait décéder.
1635
Claude de LAUNAY-RAZILLY
crée une société pour
le peuplement de
l’Acadie à laquelle Richelieu s’associe, puis poursuit l’oeuvre
de son
frère défunt avec son successeur, Charles MENOU D’AULNAY.
1636
Arrivent à bord du
« Saint-Jean » les premières
familles
signalées en
Acadie, certaines repartiront dès l’année suivante.
Le « rôle » du
navire, c’est à dire la liste des
passagers, indique
entre autres les MARTIN et TRAHANT, originaires de Bourgueil (Indre
&Loire). Egalement les MOTIN, parmi lesquels la fille d’un
associé
des Razilly qui épousera leur cousin, Charles Menou d’Aulnay.
RECRUTEMENT LOUDUNAIS
L’oeuvre de peuplement de
ce dernier a fait véritablement du
Sud-Loudunais, le berceau de l’Acadie.
1642
C. de Launay-Razilly
cède ses droits à son cousin
d’Aulnay,
Gouverneur de 1′Acadie, qui fait recruter des colons sur les terres de
sa mère, entre La Chaussée et Martaizé.
« L’Aveu au Roi » de N. de
Jousserand, sorte d’inventaire de ses biens
à Martaizé, montre qu’en 1634, pas moins de 9 familles de
ses fermiers
y portaient des noms qui figurent en 1671, dans le premier recensement
acadien.
C’est en mai 1642,
écrit M Caillebeau, qu’on peut imaginer
devant
l’église de La Chaussée, le rassemblement d’une douzaine
de chariots
contenant les jeunes ménages loudunais.
Le notaire, Vincent
Landry, est présent de même que le
seigneur du
Bourg, M. Le GODELIER, qui va conduire les émigrants jusqu’en
Acadie.
Sa demeure existe encore
à La Chaussée, face au
château de La
Bonnetière, qui date des l3è – l5è s. et ne manqua
pas d’être concerné
par l’aventure.
1644
Ma1gré la mort de
Richelieu et Le Godelier, C. Menou
d’Aulnay
continue le recrutement en Loudunais, disposant sur place de l’aide de
Vincent LANDRY.
Un mémoire de
cette année-là, stipule « qu’il y
a 20 ménages
français, qui sont passés avec leurs familles pour
commencer à peupler
les pays, dans lesquels le sieur d’Aulnay en ferait passer bien
davantage, s’il avait plus de biens ».
1650
A sa mort, c’est une
quarantaine de familles, soit une bonne
partie d’origine loudunaise, que lui et les Razilly ont
installées en
Acadie, au prix de leur fortune.
Rien qu’à La
Chaussée, plus de la moitié des
actes paroissiaux de
1626 à 1650, concernent une vingtaine des 53 noms de famille
recensés
en Acadie vingt ans plus tard.
Certains de ces actes
visent personnellement de futurs Acadiens:
Vincent BRUN et Renée BRAUD, Jeanne CHEBRAT, ainsi que
Françoise
GAUDET, Martine GAUTIER, Perrine et René LANDRY…
OCCUPATIONS ANGLAISES
Les Anglais
profitèrent de la faiblesse de la
présence
française en
Acadie, comme plus tard en Nouvelle France.
1654
L’occupation britannique
de la presqu’île acadienne freine
une
nouvelle fois l’essor du peuplement1 sans
l’interdire tout à fait. Les colons se tournent plut8t vers
Québec,
soit comme Acadiens à la recherche d’épouses catholiques
ou soit qu’ils
viennent de France. Un certain nombre sont également originaires
du
Loudunais, tels que les FILLASTREAU ou les GOUIN, qui sont d’Angliers.
1671
Suite au traité de
Bréda (l667), l’Acadie redevient
française et
COLBERT envoie à bord de « l’Oranger » une cinquantaine de
recrues.
D’autres arriveront aussi du Canada, mais cette fois,
l’émigration se
termine. Au recensement effectué à cette date, l’Acadie
comprenait à
peine 450 personnes tandis qu’on en comptait pas loin de 75000 (en
l675) du côté anglais.
1713
Le traité
d’Utrecht fait de la presqu1~le
acadienne la
Nouvelle-Ecosse, définitivement, mais ce n’est que plus tard
(1749)
qu’elle connaîtra la colonisation anglaise.
L’île Royale
(Cap-Breton) et celle du Prince Edouard (
Saint-Jean à
l’époque ) restent à la France ainsi que l’actuel
Nouveau-Brunswick,
qui n’est encore peuplé que d’Indiens.
GRAND DERANGEMENT
Le refus des Acadiens de
Nouvelle-Ecosse de prêter serment
d’allégeance au roi d’Angleterre fut à l’origine de leur
exode.
1755
Nouveau conflit
franco-anglais en Amérique du Nord, les
Acadiens
tiennent tant à rester neutres et catholiques qu’ils sont
expulsés.
8000 d’entre eux (5000 ayant réussi à fuir) sont
déportés dans les
autres colonies britanniques et en Angleterre, ainsi qu’en France
à La
Rochelle ou Saint-Malo.
Certains
s’établiront à Belle-Ile-en-Mer (Morbihan),
d’autres à
Châtellerault, Archigny, LaPuye, dans la région voisine de
leur patrie
d’origine. Beaucoup en repartiront, les uns vers la Nouvelle-Ecosse ou
St Pierre-et-Miquelon, les autres en Louisiane où ils allaient
devenir
les « Cajuns ».
Un autre destin les
attendait, en somme une autre histoire.

Histoire de l'Acadie